1669 - 1685
Elisabeth. Ton prénom, d'origine hébraïque, signifie "Dieu est promesse", et l'on peut dire qu'en ce qui te concerne, Dieu a largement honoré sa part du marché, si bien qu'aujourd'hui, il ne te considère même plus dans ses bonnes grâces. Tu es née un 31 août de l'an de grâce 1669, non loin de Londres, dans une riche famille britannique. Ton père était un commerçant ayant fait fortune, et ta mère une femme d’Église dévouée. Tout naturellement, tu as donc grandi dans les préceptes catholiques, et tu as toujours été bercée dans la foi. Quelle ironie ! Enfant espiègle et têtue, tu étais une vraie petite princesse. Malheureusement, la peste, encore présente à l'époque, emporta ta mère, alors que tu n'avais que six ans. À l'école, où ton père payait une fortune pour que tu puisses bénéficier d'une bonne éducation, ainsi qu'à ta paroisse, tous étaient étonnés par ta force de caractère et ton naturel de battante. En effet, malgré ton jeune âge, tu avais conscience de la mort de ta génitrice, mais, intérieurement, tu voyais cela d'un bon œil ; c'était une femme douce et aimante, mais faible et prude. Toi, Elisabeth, tu visais haut, tu visais plus loin. Et si cela signifiait voir partir ceux que tu aimes, alors tu n'y voyais aucun inconvénient. C'est d'ailleurs pour cela que, lorsque à tes 15 ans ton père te présenta à l'un de ses "amis", tu le laissas faire tout ce qu'il voulait avec toi, quitte à y perdre ton honneur et ta vertu de femme. Ton père signa un accord financier avec ce dernier. Tu n'en connaissais pas vraiment les clauses, tu t'en fichais ; ce que tu voulais, c'était voir le monde, grandir, t'épanouir, et le dominer, surtout. Quoiqu'il en soit, tu fus mariée à cet homme à tes 16 ans. Tu n'eus plus jamais de nouvelles de ton père depuis. L'homme, Victor, était gras, vulgaire et violent. Il te répugnait, mais, il était riche, et il ne couchait avec toi qu'une ou deux fois par semaine, alors tu relativisais, il ne s'agissait là pour toi que d'une transition, tu en étais persuadée.
1685 - 1688
Écarter les cuisses, détourner le regard, se rhabiller. Ton quotidien te faisait vomir. Tu t'enlisais dans une vie qui n'était pas la tienne, à 19 ans, déjà.. L'espérance de vie était faible en ce temps, et tes jours étaient comptés, hélas, tu ne le savais que trop bien. Tu voulais fuir, mais pour aller où ? Et puis, quand bien même, étais-tu réellement prisonnière ? Tu n'avais ni chaînes, ni cordes au cou, aucune menace ne planait au dessus de ta tête, et, au contraire, Victor tentait de te satisfaire en te couvrant de bijoux et de somptueuses robes en tous genres. Ce qu'il désirait le plus était un enfant, fruit de votre union parfaite à ses yeux. Quelle idée, toi, enfanter ? Qui voudrait s'embarrasser d'un gosse à 19 ans, lorsque l'on peut encore rêver de régner sur ce monde? Il était hors de question pour toi de t'enfermer ici, dans ce manoir bien trop sombre, dans cette ville bien trop lugubre, il était temps de partir, de parcourir les continents et d'y apprendre la vie. Ton sang bouillonnait en toi tant il te tardait de t'en extirper. Tes prières furent exaucer, Elisabeth, car, la Glorieuse Révolution de 1688 arriva. En effet, les Protestants mirent à feu et à sang la capitale et les Églises catholiques de la Grande Bretagne, dans cette prise de pouvoir se voulant pacifique. Par chance, ton défunt époux se trouvait à la messe lorsque les révolutionnaires firent brûler vifs des centaines de paroissiens. En apprenant la nouvelle, quelques heures après les faits, tu mis ta plus belle robe, te paras de tes plus belles pierres, et sortis du manoir, avec pour seul bagage ton audace et ta beauté. Tu t'attendais probablement à trouver un cheval blanc immaculé, afin de partir à travers forêts et montagnes, mais, très chère, tu avais probablement une imagination trop débordante à ton âge, ou bien, une folie insoupçonnée.. Et pourtant ... Plusieurs jours après les émeutes, affaiblie et vidée de tout espoir tant votre classe était traquée, tu revins au manoir. Il ne restait qu'un champ de ruines calcinées, et, à ton grand étonnement, les larmes te vinrent. Tu tombais à genoux face à ce spectacle, désemparée, seule. Les domestiques avaient fuis, ton époux et sa richesse étaient morts, et toi, une femme dans ce monde en proie à la guerre et la violence, tu ne pouvais plus lutter. Tu te cachas dans les bois, près de votre écurie, te débrouillant pour te nourrir et survivre quelques jours encore, avant d'être débusquée par un groupe d'individus à la peau pâle, à l'odeur enivrante et au ton enjoué. Qui étaient-ils? Peu t'importait de le savoir, et tu t'offris corps et âmes à l'un d'entre eux, qui te prit sous son aile, tel un oisillon tombé du nid.
1688 - 1701
Durant 13 ans, il t'apprit à te nourrir, à chasser, à te battre. Il fit de toi une sauvage, une femme qui n'avait plus une once d'humanité en elle. Parfois, tu te souvenais de légendes que te racontait ta mère, avant de t'endormir ; alors qu'elles étaient sensées t'effrayer, elles te fascinaient, et tu buvais les paroles de ta génitrice dès lors où elle t'en comptait. Ces légendes relataient l'existence d'êtres démoniaques, sanguinaires et dangereux, vampires, démons et autres goules. Instinctivement, tu assimilais tes hôtes à ces êtres surhumains, mais divinement puissant. Bien loin d'en avoir peur, tu les vénérais, et admirais leur force, leur jeunesse et leur intelligence. Au sein de ce groupe, tu étais comme un animal, un jouet, un objet. Mais, tu qualifiais leurs actes cruels, viols et autres tortures psychologiques, comme un test ultime qui te permettrait d'accéder à leur savoir. Tu y prenais presque goût, et tu devins totalement soumise à leur bon vouloir. L'Angleterre était redevenue un pays plus calme lorsque tu atteignis tes 32 ans. Aussi belle et vive qu'à tes débuts, tu aspirais toujours à parcourir le monde, et surtout, plus que toutes choses, à l'asservir à tes désirs. Le vampire dont tu étais éprise se trouva un autre encas, et n'eus plus d'yeux pour toi. Dans un dernier élan de courage et d'affection, tu le supplias de te changer. Bien qu'il se fichait éperdument de tes états d'âmes, il s’exécuta, juste pour une dernière fois gouter ton sang. La douleur fut terrible, et tu restas alité des heures durant, agonisant et sanglotant. La fièvre s'était emparée de toi, et il n'y avait que deux options possibles ; lutter, ou crever misérablement. Le matin suivant fut telle une renaissance. Tes yeux s'ouvrirent, et découvrirent un monde merveilleux, riche et, plus que tout, faible face à toi. Une affreuse soif torturait ta gorge, tes lèvres, ton corps tout entier, lorsque tes nouveaux congénères te proposèrent une partie de chasse. Un sourire démoniaque se dessina sur tes lèvres, tu étais l'une d'entre eux.
1701 - 1801
Ta beauté était indescriptible ; plus aucune trace du passé n'était visible sur ton corps, et tes souvenirs d'humaine disparaissaient peu à peu de ton esprit. Le dogme auquel tu avais appartenu, ta famille, les amis que tu avais pu avoir, ton époux, tout n'était à présent plus qu'un lointain souvenir qui s'embrumait. Profitant de tes dons nouvellement acquis, tu décidas de prendre la fuite, et de tourner le dos à ce groupe qui n'avait plus rien à t'offrir. Tu étais parvenue à ton vœux le plus cher, devenir immortelle ; il était à présent temps pour toi de réaliser tes plus noirs desseins. Pendant un siècle, tu parcourais le monde, ne craignant plus ni le froid, ni la fatigue. Tu prenais un malin plaisir à torturer de pauvres âmes en peine ; hommes, femmes, enfants, tu les attirais à toi, tel un aimant, les asservissant à tes désirs les plus obscurs, tandis qu'ils finissaient par te servir de repas. Ta puissance était avérée, et ton intelligence ne faisait que s'aiguiser. Chaque décennie, tu emménageais ailleurs, te créant un semblant d'humanité en louant un appartement, une maison, en trouvant un travail ou en te faisant des "amis". Tu avais appris à contrôler ta soif, et, même si cela ne fonctionnait pas toujours, tu ne craignais plus l'autorité d'un autre. Tes voyages firent de toi une femme expérimentée, autant en langues qu'en savoir, et tu jouissais d'un statut digne de l'élite de chaque nouvelle ère. La jeune Elisabeth mariée à ses 16 ans n'était plus qu'un très vague souvenir à tes yeux, tu ne te souvenais plus des prénoms des gens qui t'avaient autrefois aimé. Parfois, tu croises d'autres êtres comme toi ; la plupart du temps, ils te connaissent, te craignent, tant ta cruauté et ton sadisme est reconnu, et cela te plaît. D'autres fois encore, lorsque ils se montrent impétueux ou que tu n'as pas envie qu'ils te gênent, un simple regard suffit à condamner leur destin. Tu n'as aucune loi, aucune morale, mis à part ton propre plaisir, ta propre quête. Pourrions-nous dire que ton père serait fière de toi? J'en doute, Elisabeth. Tu es arrogante, froide, puissante et destructrice.
1801
De retour en Angleterre après des décennies d'absence, tu trouvas une belle bâtisse aux allures de château dans la campagne de Londres. Là, tu te créas une fois encore une nouvelle identité, Elisabeth Evans ferait parfaitement l'affaire. Faisant tourner la tête des hommes, et manipulant aisément l'esprit des femmes, tu t'imposas comme une "nouvelle riche", à cette époque fleurissante sur le continent. Tu n'avais pas d'allié, mais tu n'avais pas d'ennemi non plus. Cependant, ce n'est qu'après l'avoir aperçu, que tu réalisais à quel point ta solitude te pesait. Que vaut une vie, aussi riche et palpitante soit-elle, si elle n'est pas partagé avec quelqu'un ? De surcroît, si ce quelqu'un partage les mêmes idéaux? C'est donc pour la revoir, cette jeune domestique, que tu acceptas l'invitation d'une femme avec qui tu étais en affaire. Un thé ? Quelle idée, les pratiques humaines te semblaient si dérisoires. Tu te paras d'un corset noir, d'un robe pourpre et d'une ombrelle, que tu ne quittais jamais en plein jour d'ailleurs, tout comme tes gants, veillant à chaque sortie diurne à ne pas t'exposer au soleil. Tu discutas, de choses et d'autres, plusieurs heures durant, avant de la voir sortir du salon. Saoirse était simplement vêtue, elle était belle, jeune, la douleur pouvait se lire dans ses yeux. Elle te fascina, immédiatement, et irrémédiablement. Tes instincts bestiaux furent plus fort que toi et, comme le loup traque sa proie plusieurs jours durant, tu ne lâcherai pas cette âme démunie. Tu essayas d'enterrer ces sentiments qui t'étaient inconnus, d'abord, presque par effroi, par prudence. Que t'arrivait-il ? Tu revins la voir de temps en temps, puis chaque jour, après la chasse, oubliant presque de te nourrir parfois, plusieurs jours durant, mais cela t'était égal, tu ressentais le besoin de la voir, de l'entendre, de la sentir, de.. L'aimer ? Serait-ce donc ça, l'amour ? De rage, sans même qu'elle ne s'en doute, tu pris la décision de la tuer, de briser ce lien naissant, dévastateur, mais tu n'en fis rien, la vérité était telle qu'elle te rendait faible, et forte à la fois. Saoirse devînt ta raison, elle devînt ton objectif, ta voie. Pas un jour ne se passait sans que tu ne penses à elle. Elle t’obsédait. Tu la guidas vers une relation charnelle, presque amoureuse, tendre, mais ta nature était toute autre. Hélas, tu n'étais pas programmée pour éprouver de l'amour, mais, malgré tout, tu ne pu te décider à l'abandonner, parce qu'après tout, elle semblait avoir besoin de toi.. Elle te fascinait, et tu la fascinait. Vos corps étaient parfait, et vos âmes, si toutefois la tienne demeure, étaient en parfaite harmonie. Saoirse était prête à tout pour toi, pour ton bon plaisir, tant qu'elle garda précieusement ton secret et votre relation, malgré son éducation chrétienne. Tu avais une totale emprise sur elle, et cela t'excitait toujours davantage. Tu la testais, souvent, comme pour lui infliger ce que t'avaient fait subir tes créateurs, un siècle auparavant. Près d'un an durant, tu prenais un malin plaisir à la torturer, de toutes les façons possibles. Le plus étrange dans tout cela, c'est que tu ne voulais que son bien, mais, c'était ainsi qu'elle parviendrait au bonheur, en connaissant la douleur, d'après toi. Tu l'éloignas de tout, sa famille, ses amis, elle n'avait plus que toi. Parfois, tu la goûtais, la trouvais délicieuse, elle pleurait, puis tu lui murmurais quelques mots doux, la calmant immédiatement. Elle dépendait de toi, entièrement. Ce n'était plus qu'un corps vide, sans libre arbitre. Elle en devenait presque.. Lassante. Son corps, tu le connaissais par cœur ; tu en avais embrassé chaque parcelle, en avait martyrisé chaque partie. Saoirse était à toi, elle t'appartenait.
1801 - 1820
La jeune femme ne te divertissait plus assez à ton goût. Cependant, tu avais trop d'affection pour elle pour simplement la tuer. Non, tu voulais lui offrir ce don, lui offrir ce pour quoi elle avait supporter toutes ces tortures. Un jour, tu décidas de la transformer, de la faire renaître, plus belle et plus forte. Ainsi, votre lien serait encore plus puissant, puisque tu lui aurais donné la vie. Tes délires l'isolèrent encore davantage, mais tu savais qu'elle n'en serait que bien plus heureuse. "Aimes-tu ton Dieu plus que moi?" lui avais-tu murmuré, brûlante, contre sa joue. Ses yeux étaient implorant de pitié, mais dévoués, et elle s'offrit à toi, à tes crocs, à ta soif de pouvoir et ton désir pour elle. Durant son agonie, tu n'as pas cessé un seul instant de la caresser, tendre et protectrice, de la rassurer en lui promettant un don bien plus que divin. Le lendemain, tout comme toi, elle ouvrit les yeux, affamée. Tu lui offris une proie, qu'elle dévora. Tu lui souris, fière de ta création. Tu redevins douce avec elle, il n'était plus question de la torturer, d'autant qu'elle t'appartenait dors et déjà. Elle t'avait donné sa vie, mais également sa mort, et tu en étais satisfaite. Bien que les années passaient différemment pour vous, le temps n'ayant plus d'emprise sur vos vies, tout allait si vite, à ses côtés. Saoirse avait le don de rendre ton quotidien plus beau, elle avait ce grain de folie, cette jeunesse et cette candeur qui te plaisait tant. Tu lui appris tout ce que tu savais ; la chasse, les affaires, la manipulation. Tu n'avais plus de secret pour elle, et inversement. Un jour, à la chasse, vous avez rencontré un dénommé Kol Mikaelson. Puissant, beau garçon, il te fit peur, te mit mal à l'aise, au début. Tu gardas Saoirse prêt de toi, n'ayant aucune confiance en lui, ni en quiconque d'ailleurs. Vous restâtes ensemble pendant plusieurs années, la compagnie étant toutefois bienvenue. Néanmoins, tu restais toujours méfiante envers Kol, son histoire était sombre, plus encore que la tienne, et sa puissance, bien que tu ne le montrais nullement, était bien supérieure à la tienne.
1820 - 1830
Dure et intransigeante, tu avais beau aimer Saoirse, tu n'en restais pas moins manipulatrice. C'était ta nature, l'essence même de ton caractère, la domination. Dix années s'écoulèrent avec cet autre vampire. Puis, ce qui devait arriver, arriva. Une nuit, alors que vous étiez en chasse dans les bois, tu ne sentis plus Saoirse auprès de toi. Tu les surpris en train de se disputer, non loin de là. Tu restas cachée, cependant, et découvris avec horreur ce que cet insecte essayait de te prendre, de te voler. Kol était indigné, enragé à l'idée qu'une créature aussi puissante que Saoirse puisse se soumettre à toi, Elisabeth, tant tu étais monstrueuse. Une amère sensation te serra la gorge, la colère, la douleur, la rage ? Tu n'en savais rien, mais, dans tous les cas, tu ne pouvais pas t'en prendre à Kol, il était trop puissant, et son clan bien trop important. Il parti peu de temps après, seul, Saoirse ayant décidé de rester à tes côtés. Satisfaite, tu n'en parlas jamais avec elle, mais, tu trouvas le moyen d'avertir Mikael, le père de Kol, de sa position. C'était la pire vengeance que tu pouvais lui offrir, t'attirant par la même les bonnes grâces d'un vampire des plus puissants en ce monde.
1830 - 1876
De nombreuses années s'écoulèrent ensuite. Paisiblement, simplement, vous traversiez les âges et les époques, unies et puissantes. Rares étaient ceux qui s'opposaient à vous, mais, les chasseurs se faisaient de plus en plus nombreux, un peu partout. Vous avez fuis l'Angleterre quelques années après avoir dit adieu à Kol, habitant maintenant non loin de Downside. Votre quotidien, toujours simple et tendre, vous plaît et, tu as enfin l'impression d'avoir trouvé ta place en ce monde, bien loin de tes préoccupations de petite fille. Mais, votre bonheur fût tel, qu'il attira sur vous différents traqueurs, dont un en particulier, Erwan Jones. Tu l'as haïs à la seconde où tes yeux se sont posés sur lui, arrogant, fier, il t'a toujours répugné. Et pourtant, tu as fuis, face à lui et à ses sbires. Un chasse, comme chaque jour ou presque, qui devait se dérouler paisiblement, sans accros, tourna pourtant au drame, à tes yeux. C'est 1876, que tu la perdis. Traquées, chassées, affaiblies, vous avez fuis, vous êtes cachées, mais, il a finit par vous retrouver. Là, seul face à vous deux, il était décidé à en finir, au moins avec l'une d'entre nous. Un dernier regard à Saoirse lui fis comprendre ce que tu avais en tête, et, tu fis diversion afin qu'elle puisse s'en tirer. Pour toi, Erwan était redoutable, mais il n'en restait pas moins un homme, et tu jouas donc de tes charmes pour à ton tour, fuir le plus loin possible, manquant de peu de te faire abattre, ou pire encore. Tu courus, sans t'arrêter, des jours durant, affamée, seule, à nouveau. Si les larmes pouvaient encore couler sur tes joues, tu en aurais verser à ne plus t'arrêter mais, tu n'aspirais plus aux faibles sentiments humains. Atterrée, et persuadée que Saoirse ne s'en était pas tirée, tu repris ton chemin, déterminée à te venger, un jour ou l'autre.
1876 - 1889
La vie t'offrit la possibilité de reprendre paisiblement des forces, au sein de Downside, où tu posas finalement discrètement tes valises. La perte de Saoirse t'avait considérablement affaibli, mais mourir d'amour, ou de toute autre chose d'ailleurs, n'était plus de ton âge. Néanmoins, tu t'ennuyais, et il te fallait trouver de quoi te distraire un peu. Tu arpentais les hôpitaux, de ci de là, t'y pavanant tel une ombre, un mirage pour les mourants, comme si tu y faisais tes courses. Tu refusais de te l’admettre mais, Saoirse te manquait terriblement. Puis un beau jour, en Amérique Latine, tu tombas face à ce jeune homme, Pedro. Le médecin lui avait dit, il était condamné. Et pourtant, tu avais un remède.. Tu l'observais souffrir, transpirer de douleur, se tordre. À nouveau, une flamme s'alluma en toi, tel un désir, un instinct profond, sourd. Il t'attirait, tu le désirais. Tu t'approcha de lui, lui murmurant quelques mots, avant de le changer à son tour, donnant naissance à un nouvel être. Votre idylle est parfaite, torride, violente et bestiale.
1889 - 2016
Bientôt 350 années que tes pieds foulent cette Terre, et l'ennuie commence à poindre. Ta puissance, ta beauté, ta cruauté.. Connus et reconnus. Heureusement, Pedro est là, pour égayer ton quotidien ; il te distrait, te fais la cour, se soumet à toi, te défie, parfois. Les années défilent, et, les vampires, contrairement aux légendes de ta mère, ne sont pas "tous brûlés". Bien au contraire, ils sont de plus en plus nombreux. Les années 2000 marquent l'avènement de votre race, avec seulement une 30 de pourcents d'humains peuplant encore la planète. Ton statut t’octroie néanmoins quelques privilèges, comme celui de pouvoir encore te payer le luxe du sang humain, la traite d'Hommes et nouvellement d'Homiférés battant son plein. Puis un jour, te vient une idée, celle d'offrir à Pedro la possibilité de redevenir humain, et, bien sûr, de pouvoir me servir encore.. Mais, comment va-t-il réagir ? Saoirse aurait peut-être accepté, mais Pedro n'est pas aussi docile, aussi soumis à toi. Pourtant, tu sais qu'il acceptera, il n'a que toi. Sourire aux lèvres, bouillonnante d'excitation, tu lui demandes pardon, l'embrasses, puis lui injectes le vaccin.
2016 - 2017
Tu l'avais parqué, tant il t'était précieux, disais-tu, mais c'était surtout pour ne pas qu'il s'échappe. Lorsque la fin te tiraillait, ou l'ennui, tu venais lui rendre visite. Son goût te plaisait particulièrement, le voir souffrir encore plus. Lors d'une chasse, Pedro avait réussi à fuir la propriété. Des jours durant, tu tentais de le retrouver, en vain. Par colère ou désespoir, tu brûlas votre demeure. Ce que tu ne savais pas, Elisabeth, c'est que celui qui avait sauvé Pedro n'était autre qu'Erwan.
Nos jours
Tu es une conservatrice de musée, rangée, discrète. Toujours aussi puissante et manipulatrice, tu utilises tes charmes de façon plus insidieuse, perverse. Saoirse et Pedro sont morts à tes yeux, et tu ne donneras plus ta confiance aussi facilement. La fin est parfois difficile à supporter, mais les Homiférés se font de plus en plus nombreux.. Tout comme les chasseurs.