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Le monde a changé. Une espèce supérieure a pris notre place. Des créatures qui n’existaient alors que dans les légendes. Mais la vérité, c’est que ces créatures, à la fois fascinantes et terrifiantes, sont bien réelles, et rôdent dans l’obscurité de notre monde depuis bien longtemps déjà. Je ne peux me résoudre à nommer ces êtres si particuliers. Je me dois cependant de vous les décrire. Je vous parle d’individus qui n’ont d’humain que l’apparence, et qui, à la lumière du jour, préfèrent les ténèbres de la nuit, plus propices à leurs activités sanglantes. Je vous parle d’êtres aux dents longues et suffisamment acérées pour percer la chair de votre cou et en faire perler le sang. Je vous parle de bêtes incontrôlables, obsédées par le besoin de s’abreuver, et qui ne reculeront devant rien pour l’assouvir. Et aujourd’hui, ces créatures sortent enfin de l’ombre. Parce qu’aujourd’hui, elles n’ont plus rien à craindre de l’Homme. Et nous, nous pauvres humains qui nous pensions si infaillibles, nous ne pouvons pas les arrêter. Et bientôt, il ne restera plus rien du monde d’antan que nous chérissions tant.

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Erwan Jones
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MessageSujet: Let the shadows fall behind you Let the shadows fall behind you EmptySam 6 Avr - 20:21
La guerre est toujours juste lorsqu'elle est nécessaire, et les armes sont sacrées lorsqu'elles sont l'unique ressource des opprimés. Le Prince (Machiavel, 1513)


« - Tout est prêt. »

La voix cristalline et fluette du gamin contrastait avec la présence imposante du noiraud. Erwan écrase très lentement sa cigarette dans le cendrier et se redresse, à son geste, la chaise racle sur le sol dans un tintement grossier. Il attrape sa veste dans un mouvement souple et s’avance sans un regard pour le blondin surexcité.

« - Je peux venir diiiis ? »

Pour seule réponse, il n’obtint qu’un regard noir qui le glaça sur place. Si Joshua avait tendance à suivre et coller Erwan partout, il savait pertinemment que certaines limites n’étaient pas à franchir. Il n’attribuait pas ce comportement au passif mystérieux de l’homme face à lui, et même si les questions débordaient parfois de ses lèvres, il se contentait des maigres informations et des bribes d’attention que le brun voulait bien lui offrir. La silhouette du directeur de l’école se désagrège au fur et à mesure, il n’ouvrit la bouche que pour annoncer son départ à la secrétaire et lui sommer d’appeler l’un des professeurs pour le remplacer. Il espérait sincèrement que l’école ne finisse pas par sombrer s’il s’absentait quelques heures.

Il lui avait fallut quelques années, quelques sacrifices… pour comprendre le mécanisme de cette société. Les vampires dont le rang était plus élevé que les monstres qui erraient sans but dans les bas quartiers, étaient probablement de la pire espèce. Les chasses avaient débuté il y a quelques années, et bien qu’il puisse en déceler les rouages, il n’avait jamais réussi à situer les attaques ni les victimes potentielles. Qui aurait cru que ces bêtes se bouffaient entre elles ?

Ses onyx dévisagent très lentement les dernières silhouettes humaines qui s’agglutinaient en bas de leurs immeubles, se précipitant à l’intérieur de peur de ne pouvoir se mettre à l’abri avant le déclin du soleil. Erwan se détachait du lot, il savait parfaitement qu’il allait attirer l’attention, dans son manteau noir, la clope au bec et éclairé par les rayons blafards de la lune naissante. Quel humain pourrait réellement s’avancer avec un tel naturel sur des terres condamnées, si ce n’est un chasseur un peu trop arrogant ou insouciant ? Ce soir était différent des autres soirs… Oui… Ce soir allait changer le cours des choses. Il allait enfin déclencher la première manche de cette guerre impitoyable contre les vampires.

Ses pas le mènent rapidement jusqu’à la zone de chasse. Bien qu’il puisse être assez imposant et professionnel pour se battre contre un vampire ou deux de l’Elite… il n’était pas assez con pour se lancer dans la gueule du loup tout seul. Ses hommes l’attendaient déjà aux grilles et au moment où il laisse sa clope s’effondrer dans l’herbe, le son caractéristique du cor de chasse fend le silence de la nuit. Le groupe anonyme se disperse et rejoint les points stratégiques. Aujourd’hui, il ne s’agissait pas de tuer tous les vampires, mais de sauver le plus de monde possible, et c’est ce pourquoi il s’était toujours battu.

Le plan se déroule comme prévu, chaque homme aidait une personne et effaçait ses traces, utilisait la force si nécessaire. Ils s’apprêtaient donc à partir, quand soudain, les muscles de son dos se crispent violemment. Il se retourne et fait face à un vampire… Un élan de rage fait bouillir ses veines et la bile remonte jusqu’à ses lèvres. Mais lorsqu’il se rapproche pour asséner le coup fatal à la bête noire, c’est avec stupéfaction qu’il tombe sur ta seule silhouette. Essoufflé, tu semblais être pris pour cible. Mais il ne t’avait pas compté dans l’équation, ton visage ne lui disait rien non plus. Tu étais un imprévu, un inconnu.

« - Putain, mais t’es qui toi. »

Son instinct le pousse à s’avancer et t’aider, il sort soudainement son arme dans un geste vif et précis et tire dans le vampire derrière toi. Tant pis pour la suite du plan. Le vampire s’écroule et convulse violemment. Il range l’arme encore fumante, portant l’emblème de sa famille sur la crosse avec minutie. Elle luisait à la lumière de la lune comme si le paysage même des vampires cédait à l’attraction d’un tel blasphème. Il venait d’entrer dans leur territoire, de leur dérober leur nourriture et de tuer l’un des leurs sans plus de cérémonie, il savait parfaitement bien que la note allait être salée après cet affront. Sa balle imbibée de verveine et créée spécialement contre les vampires était bien connue et unique, elle portait l’empreinte ancestrale des Jones.

Il attrape violemment ton col, il n’avait pas le temps de te prévenir, il préférait te sortir de ce merdier avant de te demander des comptes. Il t’aide à monter la grille et l’enjambe à son tour avant de se mettre à courir sans s’arrêter, assurant tes arrières. Il s’arrête finalement dans une ruelle sombre en t’emportant avec lui. Il n’était pas question qu’il te ramène au point de rendez-vous sans s’assurer que tu n’étais pas l’un des leurs. Le souffle court, il te plaque finalement contre le mur et fronce les sourcils, ses orbes sondant les tiennes longuement sans qu’il n’ouvre la bouche une seule seconde. Il laissait le loisir à son esprit d’analyser la situation et d’examiner tous les traits qui pourraient caractériser ton comportement et le justifier.

« - T’es quoi ? Me force pas à vérifier. » Cracha-t-il d’une voix devenue rocailleuse par la course précédente.

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MessageSujet: Re: Let the shadows fall behind you Let the shadows fall behind you EmptyMar 14 Mai - 1:51





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Il avait de la terre dans la bouche. Et il ne voulait pas cracher.
Le spasme de panique qui lui avait contracté l’estomac quand il avait senti le goût ocre du sang se mêler à sa salive lui avait suffi. L’élan de rage qui lui avait pris la poitrine en entendant l’éclat de rire de ses anciens alliés, alors qu’il s’écrasait violemment au sol lui avait suffi. Il était hors de question de leur donner la satisfaction d’un avant-goût. Il ne voulait pas cracher.
Prenant appui sur ses avant-bras, il se redressa méthodiquement, la mâchoire serrée, ignorant la plainte de ses membres douloureux, qui, ces jours-ci, ne semblait plus bons qu’à le supplier de rester immobile. Dans un premier temps, Pedro n’avait jamais cru qu’il pourrait se réhabituer à avoir mal. Maintenant, alors qu’il sentait la brise lui ébouriffer les cheveux et des brins d’herbe lui coller aux doigts, il savait qu’il préférerait mourir que d’avoir à passer le reste de ses jours dans cet état. Il devait se forcer. Pourtant, il était presque certain que sa présence parmi les proies de la soirée signifiait qu’il avait atteint sa date de péremption. C’était trop différent des humiliations perverses dont il avait pris l’habitude. Il commençait à connaître les coutumes de la maison. Peut-être même mieux que n’importe qui d’autre, étant donné qu’il avait été… Et que maintenant... Bref. Peu importait ce qui allait se passer ce soir, il s’était promis qu’il ne partirait pas sans fanfare, sans endommager au moins de manière significative le business d’Ana, sans se battre. Il ne pouvait pas.

En attendant, il avait moins de 10 minutes pour décamper avant le début de la chasse et il était à moitié en train de bouffer du gazon.
Mais il aurait son heure. Alors qu’il se retournait pour adresser un regard noir aux vampires derrière lui, parce qu’il le pouvait, il n’arrivait pas à envisager que ça soit la manière dont son histoire se terminait.
Il avait trop de haine.
Et c’était plus ou moins la raison qui expliquait son départ au ralenti, qu’il ait attendu d’être en sécurité sous le couvert des arbres pour se mettre à courir. (Ça et le fait qu’il avait quand même sacrément mal aux genoux.)

Ça n’était pas idéal. Ça n’était pas ce qu’il avait prévu. Il aurait voulu être en contrôle. Seul dans sa cellule, il avait envisagé tellement de possibilités. Il avait apparemment trop d’orgueil pour avoir pris celle-ci en compte. Expulsant finalement son mélange salive/sang/pelouse dans un buisson, une expression dégoûtée au visage, il examina ses chances. Mouais. Eurk. Il avait définitivement connu mieux. Il s’essuya la bouche d’un revers de pull. Le seul avantage de ce cocktail était sa teinte. Il détestait la nouvelle couleur de son sang.
Reprenant sa course, zigzaguant entre les arbres, les battements de son cœur se fracassant contre ses tempes, il tenta de s’éloigner le plus possible de son point de départ. Même s’il avait assisté à assez de chasses lui-même pour savoir que ça n’avait que peu d’utilité, s’il pouvait gagner ne serait-ce que quelques secondes d'avance, n'importe quoi, il était preneur. Honnêtement, même avec un optimisme en état de fonctionnement, il était peine perdue que de tenter de trouver une porte de sortie. Il le savait. Il avait l’équivalent d’une cible fluorescente sur le dos. Et, pas que l’envie lui manquait, mais il ne pouvait pas se contenter de se planquer dans un trou. Il ne pouvait même plus compter sur le seul avantage de sa condition : ce soir, il puait l’humain. Un frisson lui parcourut l’échine alors qu’il entendait une déflagration dans le lointain, suivie de hurlements de joie. La chasse avait commencé. Et merde.
Putain. Il avait vécu parmi les Élites assez longtemps pour parfaitement comprendre l’intérêt stratégique d’asperger un homiféré de sang humain et de toute autre odeur aussi bien repérable avant de le prendre en chasse, mais il devait avouer que, présentement, ça lui cassait fortement les couilles.
Les poumons déjà en feu, il enjamba un arbre mort, avant de tourner à droite, manquant au passage de se manger un tronc. Ok. Bon. Il avait une vague idée d’où il essayait de se rendre, ses connaissances antérieures de la propriété étant vraiment la base de sa stratégie de survie. Enfin… « Survie. » De sa stratégie de défense. Un cri de douleur quelque part devant lui le fit brusquement virer de bord. Il était devenu si lent, c’était insupportable, il se détestait. Bon Dieu de merde. Ok. Il voulait juste… Encore à droite. Ouais. Ok. Ok. Normalement il devait… Ouais. Ouais ! Ok. Il avait atteint l’espèce de lac à l’est de la propriété. Il tenta d’ignorer le fait que si on l’avait laissé relativement tranquille jusqu’alors, ça signifiait que ses tortionnaires n’allaient pas tarder à manquer de sang frais. Et qu’il n’avait plus le temps. À bout de souffle, il entreprit de se nettoyer le mieux qu’il pouvait. C’était tout ce qu’il pouvait faire pour tenter de se dissimuler dans le paysage. Avec un peu de chance, le temps que la réserve d’humains se soit épuisée, il ne sentirait plus assez pour être repérable et il pourrait les prendre par surprise. Il déglutit alors qu’une pointe d’espoir lui serrait la gorge. Est-ce qu’il avait une chance ? Tout ce qu’il voulait, c’était les faire payer, la faire payer. La seule chose qui comptait, la seule qui ne pourrait jamais lui ramener la paix, était la satisfaction de sentir le cou d’Ana se tordre sous ses doigts.
Les mains tremblotantes, il plaqua ses cheveux en arrière sur son crâne avant de sortir du lac et de retourner en sécurité derrière les arbres. Un rictus apparut sur son visage alors qu’il se fit la réflexion que si il allait très certainement crever ce soir, au moins il crèverait propre. Devenant ainsi la preuve humaine que la mort avait une meilleure couverture sanitaire que les cachots d’Anastasia. Il n’était pas bien sûr d’à quel point il allait être capable de puiser du pouvoir dans ce sarcasme, mais c’était pas mal tout ce qu’il avait. Pour faire bonne mesure, il ramassa une roche particulièrement aiguisée par terre. Parfait. Moins perceptible et presque armé, il allait aller loin comme ça. Au moins 20 bons mètres de plus. Il s’apprêtait à continuer sa route vers l’improvisation la plus totale, mais probablement le Sud-Est parce qu’il avait un vague souvenir d’une espèce de... Cabanon ? Par là-bas. Le cœur toujours battant, à moitié dégoulinant, l’esprit oscillant entre la brume mentale, conséquence de son état, et la clarté due à ces quelques secondes de répit, et surtout avec la stupidité d’un homme aillant encore trop de prétention pour proprement s’imaginer mourir, il était sur le point de continuer sa route, quand un frémissement entre les arbres le fit se stopper net. Oh.  
Comme sommée par une très mauvaise prophétie, une ombre bondit d’entre les feuilles pour la rive du lac. Là où Pedro s’était tenu à peine quelques instants auparavant. Un choc sourd suivit de bruits de mastication. Un raclement de gorge bien gras. Pas besoin de regarder pour comprendre ce qui était en train de se dérouler. Il se sentait malade. Pas qu’il en ait quoi que ce soit à foutre du régime alimentaire de ses anciens compatriotes mais il devait avouer que ça lui faisait quelque chose à l’estomac. D’avoir à se mettre à la place de ses anciennes victimes. Parfaitement immobile, un début d’inspiration coincé dans la gorge et les doigts serrés autour de son pseudo-silex, l’homiféré dû s’y reprendre à deux fois pour ne pas adresser une prière à quiconque voulait bien l’écouter. Pour ce que ça changerait. Il était tout seul et il était dans une belle merde. C’était tout ? C’était comme ça que ça se terminait ? Putain. Soit il attendait comme un abruti jusqu’à ce que le vampire ait terminé sa pause casse-croûte, le plus silencieusement possible comme s’il avait une seule putain de chance de ne pas être remarqué, comme si son plan foireux composé dans la panique avait une quelconque putain de chance de fonctionner. Soit il s’enfuyait, et il finissait aussi par se faire choper puisque son corps ne suivait plus, qu’il n’avait jamais été particulièrement discret même quand il était un vampire et que de toute façon il était dans une putain de forêt et qu’il y avait des putains de branches et des putains de feuilles mortes putain de partout. Putain. Il ne voulait pas mourir comme ça. Et puis… Après tout. Qu’est-ce qu’il avait à perdre ? Et surtout… Il les haïssait tellement. Pour tout. C’était plus compliqué que ça et en même temps pas tellement. Il n’aurait jamais cru pouvoir descendre plus bas que là d’où Anastasia l’avait sauvé. Pourtant elle avait accompli ça, elle lui avait fait ça. Elle.
La mâchoire serrée, le cœur qui battait soit trop vite soit même plus assez, il n’était pas sûr, Pedro s’avança prudemment vers le prédateur. Et même s’il ne l’avouerait jamais, même sous la menace, cette fois-là, peut-être même la seule fois qui comptait, sa tête était emplie de supplications. Il pouvait imaginer son opposant qui fronçait les sourcils, qui reniflait mieux, pour être sûr, avant de se tourner vers l’homiféré qui le rejoignait. Rien d’anormal. Pedro était juste un vampire qui venait de festoyer tout son soûl sur le cadavre d’un humain pathétique et stupide et qui venait saluer un compatriote. Il avait été cet homme. Il pouvait l’être à nouveau. Alors que le vampire qui lui faisait face se redressait de sa carcasse après lui avoir adresser un signe de tête, de toute évidence trop un étranger aux cercles habitués de la résidence pour le reconnaître au premier coup d’œil, Pedro agrippa son caillou avec tout ce qu’il avait. Parce que c’était tout ce qu’il avait.
Alors que l’autre fronçait subitement les sourcils, il prit sa seule chance et, pointe en avant, il envoya un coup de caillou vers le visage du vampire. Plus vite qu’il ne fallait pour le réaliser, ses jambes se dérobèrent sous le poids de son opposant. Il ne savait même pas s’il avait atteint sa cible, trop occupé à japper de douleur alors que son dos se fracassait contre le sol, une douleur aigue lui transperçant la côte, pourquoi la côte ? Il se cramponnait à sa roche, l’autre main dans la terre, les jambes qui tentaient éperdument de frapper quelque chose, soudainement bloquées par d’autres mains, qui ne lui appartenait pas. Mains occupées. Main dans la terre. Terre. L’adrénaline fracassant sa capacité de réflexion il se vit, se sentit, se fit ? Relever son torse, la vision cauchemardesque de quelqu’un, les crocs au vent, se jeter à nouveau vers ses veines, un nouvel éclair de douleur, sa brassée de terre qui s’écrasait sur un visage. Un grognement sourd. Une pause. Un battement de cœur qui était toujours le sien et toujours en état de fonctionnement. Un coup de roche, de l’eau. Il avait froid. Puis chaud. Du sang rouge qui n’était pas le sien. Puis du sang qui ne pouvait appartenir à personne d’autre. Il avait mal. Un changement de poids sur son corps, l’autre qui se frottait les yeux, douleur. Panique. Douleur. Ses mains désormais vides qui cherchait désespérément quelque chose à accrocher. Un spasme de peur. Peur. Un basculement de poids. Grognement. Une éclaboussure de plus. Ses jambes qui lui appartenaient de nouveau. Un jet de douleur à nouveau. Le silence. Juste un instant. Inspiration. Seule chance. Trop peu de secondes. Pas assez rapide. Ses yeux finalement, qui saisissaient un rocher. Trop lourd. Seule chance. Aïe. Lâcher le rocher en avant. Vers le fond du lac. Un bruit sourd. Cri de douleur. Pas le sien. Mais toujours mal. Toujours peur. Toujours en possession de ses jambes. Se remettre debout. Il détala.

Il évita la branche. Il ne voulait pas mourir. Il enjamba la souche. Il entendait un grondement de colère derrière lui. Il n’avait aucune chance de s’en sortir. De la haine, de la honte et puis pas le temps, mais le temps se faisait rare à vrai dire, il vira à gauche pour éviter un fossé. Il entendait des bruits de pas. Il n’était pas assez rapide. Il se détestait. Il n’avait servi à rien et il allait mourir encore plus connement qu’il avait vécu. Tentant d’envisager le temps qu’il lui restait, tentant de choisir ses dernières pensées, il jeta un coup d’œil en arrière. Il se donnait 30 secondes. Il se concentra sur la route. Pas sur les crocs de son poursuivant. Pas sur la manière dont il allait le déchiqueter vivant. Pas sur sa propre stupidité. Est-ce qu’il devait plutôt défier son adversaire en toutes circonstances et ce jusqu’à la fin, les yeux dans les yeux ? … Qui est-ce qu’il essayait de tromper. Il n’avait rien. Il ne voulait pas mourir.
Une ombre. Putain. Il voyait qu’on se jetait sur lui. Et puis merde. Il s’arrêta.
Un temps.
Pardon ?

« - Putain, mais t’es qui toi. »

Pedro cligna des yeux. Qu’est-ce que ? L’homme s’avança. Il ne le connaissait... Coup de feu. Son poursuivant qui s’écroulait. Il se retourna à nouveau vers l’inconnu, les yeux écarquillés. Il aurait voulu ouvrir la bouche ou courir à nouveau. Les deux. Sans lui demander son reste, l’inconnu lui agrippa le col et l’entraîna vers ? Pedro manqua de trébucher, le cœur au bord des lèvres. La grille. Quoi ? Aïe. L’homme venait de tuer un vampire sous ses yeux. Est-ce qu’il était logique d’en déduire qu’il n’était pas un vampire ? Qu’est-ce qu’il foutait là ? Comment c’était possible ? Merde, qu’est-ce qu’il était en train de se passer ? Pedro était secrètement reconnaissant pour la poigne de son sauveur (?), parce qu’il était presque sûr qu’il était sur le point de s’écrouler. Tout de même. Il ne pouvait empêcher son estomac de se tordre. C’était impossible. Il avait participé à assez de chasses pour le savoir : il n’y avait pas de porte de sortie.
Pourtant, alors qu’il atterrissait sur le bitume sans aucune grâce, alors qu’il peinait à se remettre debout parce que ses mains tremblaient furieusement, il sentait la même once d’espoir que toute à l’heure venir lui piquer le cœur. Impossible. Est-ce que c’était un piège ? Ça devait être un piège. Et pourtant. Alors que le… Chasseur ? Il avait tué un vampire avec un pistolet en pleine nuit, au milieu d’une chasse, sur une propriété hautement sécurisée, sans vouloir le stéréotyper, Pedro ne voyait logiquement pas trop d’autre raison pour qu’il soit assez fou pour… Ouais. Non. Quoi ? Alors que l’autre atterrissait (bien plus souplement) à ses côtés, Pedro se surprit à chercher frénétiquement son arme des yeux. Il était presque sûr qu’il avait… Blason sur la crosse. C’était obligatoirement une preuve non ? Il allait vomir. Les familles de chasseur avaient ce genre d’effet sur lui. Non plus sérieusement. Ils s’étaient remis à courir et Pedro venait, à nouveau, de manquer d’embrasser le bitume. Où est-ce qu’ils… ? Loin. À l’instant, c’était tout ce qui importait.
L’inconnu s’engagea dans une ruelle avant de s’arrêter.
Contrecoup de ce qu’il venait de traverser, à peine arrêté, Pedro dû s’agripper au mur, le souffle manquant. Ok. Inspiration. Expiration. Les plus grandes possibles. Sa respiration ne faisait même plus de bruit. Un. Deux. Un… Paroi. Aïe. Encore.
L’ayant effectivement plaqué contre le mur, l’autre homme le dévisagea longuement. Avant de lui cracher :

« - T’es quoi ? Me force pas à vérifier. »

Ah. Ok. Le souffle toujours aussi peu coopératif, Pedro du rassembler les quelques neurones qui souhaitaient encore bien coopérer, et déjà s’avouer que c’était la position la plus stable qu’il avait connu depuis deux heures et qu’il prendrait bien 30 secondes pour mourir là, en toute cordialité bien entendue. Mais aussi : merde. Qu’est-ce qu’il répondait à ça ? Est-ce qu’il répondait d’ailleurs ? Est-ce qu’il lui mentait ? Parce que c’était qui ce type ? Et pourquoi il… Pourquoi ? Il pouvait lui dire la vérité aussi, ce qui signifiait signaler à quelqu’un d’assez taré pour s’introduire chez et tuer un vampire, qu’il avait lui-même bafoué tout ce que ces crétins de chasseurs considéraient comme moral.
… Un supposé crétin qui venait objectivement de lui sauver la peau ceci-dit. Il fallait au moins reconnaître ça. Pedro était au moins sûr de ça, il pouvait au moins se concentrer sur ça. Il avait mal à la jambe. Et à l’avant-bras. Et partout. Mais plus particulièrement ces deux endroits. Il sentait son cerveau trembler à l’intérieur de son crâne. Ça n’était pas sa définition d’un état agréable. En pleine retombée d’adrénaline, il se surprit à articuler une moue dégoûtée, d’un ton un peu trop plaintif à son goût :

« Sur le point de m’écrouler. »

Il tenta de se dégager pour reprendre contenance. Non. Il raya cette idée de sa liste de possibilités. Trop de poigne ou plus assez de force, il n’était pas bien sûr, mais ça n’arriverait pas. Assez occupé à respirer, il tenta de formuler quelque chose d’un peu moins pathétique. Il avait son propre avis sur les chasseurs et jusqu’alors il ne lui avait pas apparu que son opposant soit le genre à parlementer.

« Clairement pas… »

Nop. Il reprit une inspiration. Mieux.

« Clairement pas un vampire. Je croyais que les chasseurs avaient un peu plus de jugeote ces jours-ci. »

C’était le mieux qu’il pouvait faire. Lui aussi il pouvait être désagréable. Avec l’homme qui venait de lui sauver la vie et avait potentiellement toujours le pouvoir de le massacrer. Oui. Il faisait des choix parfois. Pedro inspira profondément. C’était un chasseur. Il avait prit sa décision et son pari, il avait lancé les dés. Ok. Ce type était un chasseur. Maintenant, il s’agissait de survivre assez longtemps pour pouvoir dormir. Enfin d’abord pouvoir lui échapper. Mais dormir. Après.

« Merci pour... » murmura t-il, la gorge serrée, avant d’hausser les épaules avec difficulté.

Il était ridicule. C’était la suite de réponses la plus cohérente et la plus évasive (et donc la plus sûre) qu’il était capable de sortir présentement. Il n’avait pas du tout répondu à sa question. Et merde. Enfin si un peu quand même. Depuis qu’il ne manquait plus de mourir toutes les demi-secondes il se trouvait beaucoup plus con. En prévision d’un coup qu’il supposait ayant pour but de l’achever, de le corriger ou de découvrir son rang, ayant pris
l’habitude des trois, il mit ses mains devant son visage pour se protéger. Tant pis. Il avait déjà mal partout, il voulait juste garder son cerveau intact encore quelques secondes de plus. Il était fatigué.
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MessageSujet: Re: Let the shadows fall behind you Let the shadows fall behind you EmptyDim 26 Mai - 22:54
La guerre est toujours juste lorsqu'elle est nécessaire, et les armes sont sacrées lorsqu'elles sont l'unique ressource des opprimés. Le Prince (Machiavel, 1513)


C’était répugnant, la facilité avec laquelle l’homme troque son humanité pour s’adonner aux instincts bestiaux qu’on lui offrait. C’était toujours la même rengaine, que le vampire ait été humain ou non, il utilisait le prétexte de sa nouvelle condition pour justifier son comportement. L’honneur n’est pourtant pas un concept élitiste, c’est quelque chose d’inhérent que chaque être devrait préserver avant de prétendre pouvoir vivre. L’odeur acre du sang comblait ses narines, et il ne pouvait discerner précisément tous les effluves qui se mélangeaient progressivement et agressaient son odorat. C’était nauséabond, une odeur de mort et de pisse de rat, quelque chose de plus pestilentiel encore que les âmes de ces cadavres ambulants en quête d’un repas consistant. Non, c’était plus que ça. Il ne s’agissait pas que d’un repas, c’était une chasse. Un événement excitant qui éveille les sens et réveille le sadisme de chaque participant, quelque chose de plus horrible que la mort… le sang qui gicle et se déverse pour retourner à la terre, l’agonie déchirante du ciel qui accompagne les cris stridents des malheureux qui n’avaient pu survivre à cette nuit. La douleur, la souffrance, le désespoir. C’était ce qu’il y avait de plus terrible dans cette guerre : l’homme pour sa survie, n’avait plus froid aux yeux et s’abaissaient à tous les sacrifices pour une minute de plus. Il en perdait sa dignité, sa fierté et bien qu’il puisse céder ses plus belles valeurs aux vampires, il en perdait également la vie.

Le souffle court, les yeux brillants d’adrénaline, il te dévisage sans rien ajouter. Il laissait le silence conférer à l’air ambiant une certaine tension soumettant chacun de ses nerfs à une terrible pression. Il plisse les yeux, sa main se serrant sur la crosse de son arme. La neutralité surprenante du chasseur venait d’être ébranlée par un élan de surprise. Son regard s’était écarquillé lorsque tu étais parvenu à articuler ces quelques mots. Il se rapproche par réflexe pour te soutenir, même si une part infime de lui regrettait déjà son élan instinctif.

« - T’as encore de la gueule pour un mec sur le point de clamser. »

Il arque un sourcil, l’ombre d’un sourire au bord de lèvres qui ne s’étirent pas. Il était peut-être rustre, la situation ne lui permettait pas de chercher à comprendre les signaux que tu arborais… et il n’avait pas la force ni l’envie de s’accoutumer aux sensibleries que la camaraderie de fortune exige.
Son attention est reportée sur un grésillement insupportable, la radio collée à sa ceinture semble vouloir entrer en contact. Il se dérobe alors à ton regard et baisse les yeux sur la machine, un léger râle extorquant un soupir à ses lèvres. Il appuie sur le bouton pour chercher la fréquence et fronce les sourcils lorsque la voix de l’un de ses subordonnés retentit.

« - Putain Erwan t’es où ? L’opération est réussie, on a récupéré 10 personnes. »

Alors que de la joie aurait pu transcender l’expression solennellement froide du noiraud, seule une crispation de la mâchoire fit office de réaction. Il serrait les dents, tellement fort qu’il pouvait presque sentir les racines de ces dernières se déloger pour tenter d’échapper à la pression beaucoup trop forte de ses mâchoires. 10. Putain, 10 personnes. Ce n’était rien comparé aux 20 cadavres qui pourrissaient déjà dans la propriété. C’est ta voix qui le fit finalement redescendre sur terre. Le noiraud remonte ses onyx dans tes iris et relève son menton. Il savait pertinemment que tu n’étais pas un vampire, il voulait savoir si tu étais un homiféré… et si c’était le cas, allait-il seulement t’abandonner dans les caveaux et se prétendre plus digne que ces bêtes qui geignaient déjà de ne pas avoir pu se mettre 10 hommes de plus sous la dent ? Tu relevais soudainement les bras en signe de défense. Ce simple geste venait de sceller ton destin et de sceller son choix. Qu’importe ce que tu étais sur le moment, il était résolu à te traiter comme les victimes qu’il était venu sauver cette nuit. Son nez se retrousse de dégoût, non pas pour toi, pour ce que tu représentais. Ton corps portait les stigmates des mauvais traitements que tu avais dû endurer… mais ton esprit semblait tout aussi lésé. Tes réflexes en étaient réduits à te protéger coûte que coûte en dépit du bon sens. Cela le mettait hors de lui. Le venin insidieux de la rage arpentait ses veines et lui faisait bouillir le sang. Il pesta un « putain » avant de simplement souffler :

« - Tu peux encore marcher ? Faut se bouger. »

Il ne s’agissait aucunement de pitié, lorsque son corps s’était mu vers le tien et s’était cambré pour déposer ton bras en travers de ses épaules. Son élan gracieux contrastait presque avec le comportement qu’il arborait, aussi cru que ses pensées pouvaient l’être.

« - On va se magner, t’as vraiment besoin d’un bain. »

Son nez se retrousse pour appuyer ses paroles. Sa voix tonitruante et rauque ne semblait aucunement varier vers la plaisanterie, et pourtant aucune méchanceté ni aucun sarcasme n’étirait ses traits. Il disait simplement ce qu’il pensait, ni méchamment, ni gentiment. Il se contentait d’avancer mécaniquement vers le but qu’il s’était fixé. Les relations humaines, les rencontres et les discussions n’étaient qu’un luxe qu’il ne pouvait réellement se permettre. Il n’avait plus le temps de se mettre au diapason de ses semblables, avant de crever… il voulait tuer ce vampire et faire tomber le nouveau gouvernement.

« - Zayne, j’arrive avec un autre gars, prépare la salle. »

Il ne s’agissait pas de l’école de chasseurs, il ne pouvait pas te faire confiance. Même si sa morale lui dictait sa conduite, il lui arrivait de transgresser ses principes si cela lui permettait de sauver plus de vie. Il ne savait pas dans quel camp tu étais et n’était pas prêt à prendre le risque d’amener un loup dans sa bergerie.

« - Si tu avais quelqu'un de mauvais devant toi... Serais-tu capable de tuer par idéal ? »

Simple question posée à demi-mots. En réalité, il n’aimait pas faire la conversation, mais il craignait sincèrement de devoir te porter jusqu’au point de rendez-vous. Il devait te garder conscient, même s’il te trainait par les pieds, si tu gardais les yeux ouverts, il avait encore une chance de réellement te sauver et ses efforts n’allaient pas être vains.

C’était risible non ? Qu’importe nos actions, nos choix, c’est être utile qui semblait être le plus important. Ne pas perdre de temps, justifier nos prises par un succès quelconque. Il ne voulait pas t’avoir sauvé pour te voir crever sur ses épaules, il ne pouvait simplement pas se résigner à te laisser crever aussi facilement alors qu’il avait dérogé à l’une de ses premières règles pour te sortir du bourbier dans lequel tu t’étais fourré.

Au loin, l’aube semblait se lever. Les premiers rayons lui agressait la rétine et quelques silhouettes noires se rapprochaient de sa personne. L’une d’elles se glissa de l’autre côté de ta personne pour soutenir ton deuxième bras et alléger le poids exercé sur le trapèze du chasseur.

« - Tiens bon, gamin. »


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MessageSujet: Re: Let the shadows fall behind you Let the shadows fall behind you EmptyJeu 15 Aoû - 8:31





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« - Tu peux encore marcher ? Faut se bouger. » souffla finalement son interlocuteur, l’ombre d’une tempête dans les traits du visage.

Il arriva comme un coup de pied dans les côtes. Le soulagement. Enveloppant le corps de l'homiféré d’un édredon de dégoût.
Ce dernier sentit ses genoux qui fléchissaient, ses bras qui retombaient et la honte venir lui infecter la gorge. Qu’est-ce que cette expiration fut douce. Il aurait pu s’en étouffer. Qu’est-ce qu’il aurait préféré. Il se sentait flotter...


Il se sentait...


Aucune importance. Vraiment. Il était trop épuisé pour s’attarder sur le champ d’oxymores qui lui peuplait l’esprit. Et, qui plus est : dans l’immédiat, là, tout de suite, ça n'était pas obligatoirement important. Car… Car le chasseur l’avait cru. Pour dire vrai, Pedro ne se souvenait même pas de ce qu’il avait bien pu lui baragouiner et puis inspirer lui semblait toujours plus douloureux à chaque nouvel essai et aussi il était presque sûr de voir des lucioles voler au coin de son œil, mais tout cela n’avait vraiment aucune importance. Parce que le chasseur l’avait cru et par conséquent, il n’allait pas crever battu à mort dans une ruelle sombre. Et que c’était déjà tellement plus de perspectives d’avenir que ce qu’il aurait pu en dire tout juste quelques instants auparavant. Vraiment. Enfin… Peut-être ?

Une étincelle d’angoisse lui crépita dans la poitrine, qu’il tenta tant bien que mal de ravaler. Non. C’était impossible. Ça servait à quoi ce doute là ? C’était quoi l’intérêt ? C’était obligatoirement fini pour ce soir. C’était fini. Pedro n’avait plus rien à offrir, la retombée d’adrénaline qu’avait déclenché la réaction de son sauveur lui pesait au corps, asphyxiant ses meilleurs instincts. Il ne pouvait pas subir de nouveau bouleversement sans s’écrouler en morceaux. Il se sentait nauséeux, brumeux, à l’écart de son propre corps. Cette suite de pensées était déjà tellement plus massive que tout ce qu’il était capable d’appréhender qu’il se mit à trembler. Alors que le chasseur passait un bras derrière ses épaules pour venir le soutenir (comme quoi, Pedro était mauvaise langue : le mec avait des yeux), l'homiféré ferma les paupières un instant, sentant, tout autour de lui, le monde qui se stabilisait. Sa mâchoire se contracta.

Impossible. Il ne pouvait pas faire ça. Il ne devait pas faire ça. C’était complètement stupide. S’il avait réussi à déjouer la méfiance de son interlocuteur par la misère qu’était devenue son enveloppe corporelle… Il ne pouvait pas croire que ça durerait bien longtemps. Déjà parce qu’il saignait jaune, que peut-être qu’on le recherchait, que l’autre type pouvait tout aussi bien être un sociopathe ou une nouvelle méthode de torture de la part de ses anciens alliés, que Pedro devait rester en mouvement, qu’il s’était enfuit certes, mais jamais assez loin et que merde.

Il ne pouvait pas faire confiance à un chasseur, il ne pouvait pas accepter l’aide d’un chasseur, il ne pouvait pas avoir besoin de l’aide d’un…
Et pourtant, bien ironiquement, c’était exactement ce qu’il était en train de faire.

Il avait le soupir au bord des lèvres. Quel autre choix avait-il au juste ? ‘Fallait être réaliste : comme si, dans l’état qui était le sien, Pedro avait encore le droit d’invoquer un quelconque honneur. Il était clair que cette situation était plus qu’inadéquate, mais c’était déjà tellement mieux que même pas cinq minutes auparavant, que, bien malheureusement, la partie encore éveillée de sa raison allait devoir s’en contenter.
Quoi qu’il soit entrain de se passer, il n’aurait jamais pu ne serait-ce qu’imaginer s’échapper de la propriété sans l’aide du chasseur, sans s’appuyer sur lui c’était à peine s’il pouvait marcher et putain il avait mal. Il devait… Simplement : il devait lui faire confiance. Se calmer. Un instant, il devait respirer. Autrement, il mourrait. C’était véritablement aussi simple. Jusqu’à quand, jusqu’où et putain c’était qui ce type étaient des complications pour plus tard. Ou si Pedro était chanceux, après avoir récupéré un tant soit peu il pourrait le bazarder et alors, ce serait des complications pour jamais. Mais pour l’instant, suspendu à l’épaule de son sauveur, l’homiféré était occupé à, tant bien que mal, tenter d’éteindre le brasier de réflexions qui avait prit dans son crâne.  

« - On va se magner »ajouta son interlocuteur, le ramenant subitement à la surface. « T’as vraiment besoin d’un bain. »

Un grincement sarcastique devint un grognement de douleur. Déjà : il lui permettait pas, c’était pas parce qu’il venait de décider de lui faire confiance dans sa tête qu’ils avaient élever les cochons ensembles. Ensuite : autant l’univers lui paraissait présentement complètement fumeux, autant dans les trois bonnes secondes de clarté dont il avait pu bénéficier depuis qu’ils s’étaient échappés, il ne lui avait pas paru que le chasseur ait un goût particulièrement prononcé pour la conversation. Avec son ton de voix tout plat là. Ce qui signifiait deux choses : soit Pedro était complètement à l’ouest (probable), soit son interlocuteur ne le détestait pas et souhaitait engager la discussion (pas probable), soit l’homiféré puait vraiment la mort (très probable). Et c’était juste tellement parfait, l’idée qu’il puisse tellement schlinguer qu’il ait pu sortir un type aussi bourru de son mutisme. Assez grandiose pour le faire réagir physiquement tout du moins, alors que chaque pas supplémentaire déclenchait en lui une vague de souffrance qui manquait de le faire vomir.

« J’ai déjà… » réussit-il à marmonner avant que sa phrase ne dégringole.

J’en ai déjà pris un. Regarde, je suis trempé. Je t’emmerde. J’ai plus d’odorat mais je suis sûr que tu pues tout autant. Rien ne traversait plus ses lèvres. Une expiration faiblarde encore. Il ferma les yeux un instant. Il tombait en miettes.

Et pourtant.

Il expira. Rouvrit les yeux. Ravala sa douleur. Serra à nouveau les dents. Fronça brièvement le bout du nez et s'accrocha mieux à l’épaule de son interlocuteur. Il ouvrit la bouche :

« Puant. Mais vivant. » déclara t-il finalement, d’un ton inspiré, lui adressant un haussement de sourcil tout mouillé.

Prit d’une quinte de toux, il en profita pour tourner la tête et échapper à la réaction du chasseur, qu’il supposait non-verbale et négative. S’il voulait jouer au malin, Pedro pouvait être très très très malin, même pas du tout malin, même qu’il aurait pu rire. Putain qu’il était fatigué. Pourquoi est-ce qu’il s’excitait au juste ? Pour ça aussi il aurait pu rire. Il en était là. Tout était mieux que de retomber dans l’apathie pathétique dans laquelle il se mourrait jusqu’alors. Il avait bien le droit de se raccrocher à ce semblant de conversation et d’ignorer tout ce qui n’était pas l’instant présent.

« - Zayne, j’arrive avec un autre gars, prépare la salle. » grogna alors le chasseur dans sa radio.

Ah. Oui. Merde. Ça. Là. La réalité. C'était vrai ça : ils allaient quelque part. Ils allaient dans un endroit avec plusieurs autres chasseurs très certainement. Quelle joie. Qui plus est, un endroit susnommé « la salle » qui n’évoquait, mais vraiment, rien de sympathique à Pedro. Mais vraiment. Chez Ana aussi ils en avaient des salles. Il connaissait très très bien des salles.  Les salles, et les objets douloureux qui pouvaient s’y trouver. Et les hurlements qui avaient tendance à s’en échapper.

Il n’était pas bien sûr de ce qu’il s’était imaginé quant à son futur proche et il se sentait assez stupide pour que la réponse s’approche de rien du tout, mais il était hors de question qu’il rentre dans une salle. La panique lui faisant complètement reconsidérer l’idée de rester calme et l’étendue de sa confiance envers autrui, il s’agita une nouvelle fois sous la poigne du chasseur. Cette fois-ci, moins animé par l’illusion qu’il allait pouvoir faire quoi que ce soit contre ce type que par besoin de rassembler ses esprits, de reprendre contact avec le reste de son corps. Il passa la langue sur ses canines de taille beaucoup trop normale. Il ne supportait plus d’être en danger. Comme prédit quelques minutes plus tôt, il se sentait fébrile et il se consumait de l’intérieur et son estomac comme un tas de cendres, alors que son cœur battait dans sa poitrine et que son inquiétude le frappait au rythme de leurs pas. Il s’arrêta.

« Il est hors de question que je rentre dans "une salle". »

À nouveau, il se concentra sur son interlocuteur, cette fois pour le fusiller du regard. Il chuchotait presque, parce que c’était le mieux qu’il avait. Qu’il avait tout perdu, dignité, stabilité et panache, mais que, vampire ou non, il pouvait encore mordre et il suffisait d’appuyer assez longtemps et ça ferait toujours mal. Peu importe ce qui était en train de se passer, Pedro avait des conditions et c’était hors de question.

Sa prochaine inspiration, quoique, toujours aussi désagréable, lui paru soudain tellement plus rafraichissante, l’air y était plus clair, plus propre et se déversait dans ses poumons avec tellement de puissance que pour la première fois depuis plusieurs heures, il lui sembla qu’il ne se forçait pas à respirer. Que ses poumons reprenaient enfin leur rythme. Après des mois de cachot designés spécifiquement pour le faire abandonner, sa détermination tout juste retrouvée lui chantant dans les oreilles, Pedro ignora ses angoisses et se dit qu’il aurait pu déplacer des montagnes. Ou peut-être même dialoguer avec ce mec bien plus physiquement capable que lui.

Et puis il s’écroula.


Peut-être un instant plus tard, il avait du gravier dans la joue. Ou le contraire. Ses oreilles sifflaient. La respiration lui manquait et son genou le lançait terriblement. Dodelinant de la tête faiblement, il cligna plusieurs fois des yeux, tentant d’ignorer l’impression qu’il ballottait un iceberg entier dans son estomac qui commençait lentement à se répandre dans ses veines. Quoi ? Est-ce qu’il venait de se… ? Oh peu importait, il était tellement dans la merde. Une inspiration étranglée l’agita alors, Pedro prenant subitement conscience de la situation. C’était inutile. Putain. Il allait crever avant même de pouvoir être assassiné dans son sommeil par son nouveau-pseudo allié. Chienne de vie. Il paniquait, encore. Il voyait mal et puis son cerveau lui semblait vibrer contre son crâne et c’était comme nager dans du coton. Quelque part dans le brouillard, il cru percevoir quelqu’un parler. Il plissa les yeux.


« Hein ? » balbutia t-il.

Poétique, comme toujours. Il grogna, son cœur s’affolant dans sa poitrine. Qu’est-ce que… Respirer était douloureux. Qu’est-ce qu’il venait de… On venait de lui dire… Demander… Que… Il fronça les sourcils, comme si cette seule action pouvait améliorer son état.

« - Si tu avais quelqu'un de mauvais devant toi... Serais-tu capable de tuer par idéal ? »

Il souffla. C’était mieux. Se concentrer. Concentration. Tout sauf la douleur. Pedro s’accrocha avec gratitude à la question. Il s’accrocha à la question et surtout,  il avait un souvenir sur le bout des lèvres, d’un garçon sur les pavés, la sensation de la pierre contre sa joue et du sang dans la gorge. Et ce fut une colère sourde qui fit rater un battement à son cœur, une douleur froide et juste un peu de tristesse. Il n’avait rien d’intelligent à répondre à cela. Il avait suffi d’une question et il sentait à nouveau le sang dans ses poumons, les tremblements dans ses mains et la maladie dans son corps. Putain. À l’époque, Pedro aurait pu lui raconter la lune pour obtenir un service et ironiquement, s’il était encore là pour y penser, c’est qu’il venait de le faire.
Il ouvrit la bouche. Ok. Il pouvait le faire. Lentement, très bas, soufflant, la voix rauque, il répondit :

« Là… D’où je viens. … Les… Les idéaux… C’est un luxe. »

Ç’avait été vrai, un temps. Inconsciemment, il se préparait pour que ça le soit à nouveau. La période du milieu : un mauvais rêve. Avec tellement de conséquences.

« Ça paye pas. ‘Puis ça garde personne en vie. »

Ça, par contre, il n’avait aucun moyen de savoir à quel point ç’allait s’avérer faux. Et à quel point son interlocuteur était loin d’être concerné par cette dernière phrase. Il voulait juste survivre à cette putain de journée, dormir 6 ans et partir assassiner Ana. Pas avoir un débat philosophique. C’était casse-couilles la philosophie. Et puis il n’était même pas sûr que cette question, dans un contexte différent, obtienne une réponse ne serait-ce qu’un temps soit peu similaire de sa part. À moitié mort de tout et les yeux perdus dans le passé, Pedro avait retenu sa leçon et alors que les premiers rayons de l’aube éclairaient l’horizon, il se concentrait sur et uniquement sur l’air qui rentrait et sortait de ses poumons, acceptant (brièvement) son statut de victime. Remarquant à peine qu’on les rejoignait, qu’on le soutenait mieux, il apparut que c’était véritablement la fin de quelque chose et que, pour une fois, même Pedro et son insatiable besoin de combler le silence, n’avaient plus rien à dire.

Pour un temps du moins.
Et puis.

« T’as pas de nom. » souffla t-il à son sauveur.

Pas une question. Certainement pas un ordre ou même une sollicitation quelconque. Un fait. Pedro.

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MessageSujet: Re: Let the shadows fall behind you Let the shadows fall behind you EmptyJeu 15 Aoû - 22:25
La guerre est toujours juste lorsqu'elle est nécessaire, et les armes sont sacrées lorsqu'elles sont l'unique ressource des opprimés. Le Prince (Machiavel, 1513)


S’il n’était pas absorbé par son propre souffle et l’effort qu’il fournissait pour soutenir deux corps, peut-être que le noiraud aurait articulé quelques phrases pour garder à flot ta conscience déjà bien ballotée. Ses onyx te dévisageaient, contemplaient avec une indifférence creuse ta silhouette et le comportement que tu arborais. S’il avait accepté de prendre la parole l’instant précédent, il ne daignait plus corrompre le silence de sa voix rauque et préservait ses dernières forces. Il avait espéré, même s’il savait que l’espérance ne devait pas être le noyau de toute situation, que ta réponse puisse le conforter dans l’idée qu’il avait fait le bon choix. Mais ta conscience même semblait être entrée dans une lutte que tu peinais à comprendre. Chaque homme devait mourir pour un idéal, il se battait pour ce dernier et y puisait la force de rester debout lorsque le corps, trop éreinté pour porter le poids de ses blessures, s’échouait sur le champ de bataille. Sa main resserre sa prise sur ton corps, il laisse son compagnon soutenir davantage ta personne et est légèrement surpris lorsque tu prends à nouveau la parole. Il lève lentement ses onyx dans les tiennes, arquant un sourcil… aucun sourire ne semblait avoir eu l’audace de prendre d’assaut ses lèvres depuis des années, peut-être que son expression avait été figée par le temps et que toute émotion avait été reléguée au rang de « faiblesse », peut-être qu’il avait juste oublié comment faire. Zayne dévisage son compagnon de fortune avec un sourire espiègle, bien curieux de voir quelle serait la réaction de cet énergumène.

« - Si tu trouves une réponse à ma question, j'en trouverai une à la tienne. »

Son ton était cassant, froid et peut-être un peu rauque, mais aucune hostilité n’avait été exprimée à travers ces quelques paroles. Il était persuadé que si tu trouvais un idéal à défendre, une raison de te battre, tu pourrais te relever et vivre sans l’appui des chasseurs ou de toute autre personne. Même si l’assemblée avait une force significative contre l’individu, elle restait néanmoins sujette à discorde interne. Mieux valait trouver une cause à défendre et s’y tenir, qu’importe les âmes que nous rencontrerons sur notre chemin.

Zayne tire légèrement sur ton bras et vous emmène alors dans une petite ruelle, une chaumière à peine visible était dissimulée derrière quelques maisons modernes. Il ne leur fallait pas énormément, et nombreux étaient les refuges dans lesquels ils plaçaient les victimes avant de les réintroduire dans la société, et au meilleur cas… dans l’académie.

« - Il est mal en point. C’est pas toi qui l’a foutu dans cet état au moins ? »

Zayne arque un sourcil, et même si son inquiétude pouvait être discernée dans son petit jeu mesquin, il n’en restait pas moins amusé par la situation. Erwan ne lui accorda pas l’once d’un regard et se contenta d’avancer jusqu’à la demeure, pénétrant dans cette dernière en poussant la porte d’un coup de pied… il se dirige immédiatement dans l’arrière-salle et te dépose sur la table avant d’observer ton corps plus en détail.

« - Regarde s’il n’a aucune blessure mortelle et appelle J… »

« - Pourquoi moi… » rechigna Zayne avant d’enlever ton haut sans plus de cérémonie. Son sourire reprend ses droits sur son expression, annihilant toute teinte de rancune et d’agacement. « - C’est qu’il est pas mal foutu pour un prisonnier. »

Une tignasse blonde venait de pénétrer dans la pièce, interrompant l’observation minutieuse du brun et la prise de parole du noiraud. Le bambin, à peine entré dans l’adolescence se rapprocha avec une bassine d’eau et un sourire à en décrocher les étoiles dans un ciel dépourvu de lumière. Zayne hausse les épaules et s’éclipse alors simplement en balançant le haut à son supérieur. Erwan soupire et évite le tissu sans prendre la peine de lever les mains, inclinant simplement son visage. Il s’appuie alors lentement contre le mur, tout en fermant la porte derrière le brun. Croisant les bras contre son buste de manière nonchalante.

« - Il n’a pas l’air blessé grièvement. Je dirais… Anémie et il est exténué. »

« - Bravo Sherlock. »

Le blondin gonfle ses joues de manière enfantine avant de secouer la tête et d’éponger ton front avec une délicatesse surprenante. Cela contrastait probablement avec tout ce que le monde avait pu connaître. Son regard cristallin se pose machinalement sur les bleus et plus particulièrement sur les marques de sang qui constellait par endroits ta peau. Il mordille sa lèvre et bouge de place, se mettant dos au noiraud et s’attelant à la tâche. Il te nettoyait superficiellement et soignait les plaies quand il y en avait, le baume qu’il avait confectionné avec certaines plantes avaient pour effet d’apaiser la douleur et d’accélérer la guérison de tout hématome. Il dissimulait sciemment le liquide ambre, ne sachant pas réellement comment réagirait le chef des chasseurs à cette découverte. Le précédent Homiféré qu’ils avaient recueilli leur avait légué une amertume sans fin, et un goût âcre dans la bouche… beaucoup portaient encore le deuil de compagnons tombés sous le glaive de la trahison.

« - Je m’appelle Joshua, et toi ? Fais pas attention à l’armoire derrière moi, il est pas méchant dans le fond. » son rire brisa le silence et la tension qui s’était précédemment imposée. On entendit uniquement un grognement bourru derrière, en réponse au son cristallin du plus jeune.


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MessageSujet: Re: Let the shadows fall behind you Let the shadows fall behind you EmptyDim 25 Aoû - 5:46





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Honnêtement, Pedro avait l’impression que cette nuit avait duré plus longtemps que le siècle et demi de vie qu’il avait vécu. Peut-être était-ce là la preuve qu’il s’agissait d’un moment majeur de son existence, mais pour être exact, il était, à cet instant, pas mal persuadé qu’il allait finir découpé dans un poubelle d’ici la fin de la semaine, alors il n’était pas certain que ses présentes impressions aient une importance ou une légitimité quelconque. (Et oui, il avait l’espoir de survivre la soirée, son tête-à-tête avec le trottoir l’ayant de toute évidence réformé.)
Et puis, il était aussi probable qu’il ne s’agisse que d’une réaction causée par la fatigue. Parce qu’avec un peu de recul, il n’avait pas de souvenirs précis de ce qui avait bien pu se passer entre le moment où il avait quitté la ruelle et le moment où il avait finalement atteint la « planque » des chasseurs.

Si. Il se rappelait… Que le chasseur qui l’avait sauvé avait dit un truc qu’il avait trouvé particulièrement con, vraiment typique de ce qu’il avait imaginé d’un chasseur et très explicatif de pourquoi il n’avait jamais ressenti beaucoup d’affinités pour ces derniers (outre le fait qu’ils voulaient la mort de son espèce, ce qui était mal réciproque), il avait rit, avait toussé et puis s’était rappelé que ceux qu’il était présentement en train de prendre de haut étaient aussi ceux qui étaient en train de lui sauver les miches. Et il s’était calmé.
Comme quoi, même manger le bitume ne suffisait pas à changer quelqu’un. Incroyable. Il lui sembla qu’il ne s’était pas fait casser la gueule après cela et que, de fait, son insolence avait dû être ignorée. Ce qui l’arrangeait bien.

Son souvenir suivant concernait la lampe. Il était allongé sur la table du refuge et faisait de son mieux pour empêcher ses yeux de se fermer, ébloui par l’éclairage. Et c’était presque pire que d’avoir à trainer son corps meurtri, principalement parce qu’il n’était pas celui qui avait fourni le plus d’efforts là-dehors, mais aussi parce que le grognement qui avait échappé ses lèvres alors qu’il avait senti la paroi contre son dos était tout autant appréciatif que péjoratif. Putain que ça allait être facile de laisser sa conscience glisser dans une autre dimension à présent.
Le pire restait à venir. Sentant les chasseurs s’activer autour de lui, sentant les mains de celui qui ne l’avait pas sauvé mais quand même un peu, qui attrapait ses vêtements, il ne put retenir un réflexe et tenta de lui mettre un coup de pied. Une grimace de douleur explosa sur son visage, alors qu’il laissait retomber sa jambe sur la table. Nop. Il était pas bien sûr de ce qu’il avait touché et, ayant aperçu l’état de son pantalon, il… Avait hâte de se concentrer sur autre chose. Il avait une boule dans la gorge. Et du brouillard dans la tête. Plus pour la forme qu’autre chose, il tenta d’utiliser ses mains pour repousser celles du chasseur, un peu trop sonné pour comprendre que c’était dans son intérêt de rester immobile, mais plus que tout : refusant de perdre totalement le contrôle à nouveau sur ce qu’on lui faisait.

Et puis, l’eau dégoulinant sur son front. Un soupir de soulagement. Les initiatives d’autrui ne lui paraissant soudainement plus fondamentalement douteuses. Une nouvelle personne dans son champ de vision. Un garçon. Blond. Les sourcils de l’homiféré se froncèrent légèrement, dissimulant mal sa surprise face à cette apparition. Il n’était pas assez naïf pour penser que leur conflit épargnait les plus jeunes. Non. Et puis, ç’aurait même été plutôt hypocrite de sa part, vu son passif et les choix qu’il avait pu y faire. Le jeune âge d’un humain ne l’avait jamais arrêté, avant. Mais… C’était presque indécent. Tout ce qu’il pouvait faire c’était observer ce garçon aux yeux clairs lui sauver la peau plus d’une manière à la fois et tressaillir à son contact, le fixer du regard.

Pedro voyait ce que ce dernier était en train de faire. Comment, avec des gestes adroits, délicats, il le soignait, comment il se contorsionnait discrètement pour dissimuler le résultat de son nettoyage. La particularité des blessures de l’homiféré. Il ne comprenait pas. La présence de ce garçon. Il ne comprenait pas pourquoi il l’aidait.
Et ça le mettait profondément mal à l’aise. Ça sentait la simplicité, la reconnaissance, la gentillesse. Si on lui posait la question, il inventerait probablement une raison avec un peu plus de panache pour ce rejet de sa part, mais le fond du problème était que Pedro ne savait simplement plus comment réagir à ce genre de chose. Ça lui paraissait forcément suspect. Ce qui contredisait complètement le concept même de simplicité. Indécent. Et donc, il était mal à l’aise.
Il détourna les yeux.

« - Je m’appelle Joshua, et toi ? Fais pas attention à l’armoire derrière moi, il est pas méchant dans le fond. »

L’armoire en question répondit par un grognement sourd. Pedro n’avait pas assez d’emprise sur la situation pour savoir si c’était pour le surnom ou juste le fait que… « Joshua » lui adressait la parole. Puis il commençait clairement à avoir dépassé sa limite et chaque instant était un nouveau combat pour rester éveiller. Mais le fait était qu’il se trouvait à dévisager le jeune homme à nouveau. Ce dernier riait. Forcément.
L’homiféré se mordit l’intérieur de la joue brièvement, parce que c’était un tic tout autant que pour l’adrénaline que pouvait lui procurer la douleur.
Pour la première fois depuis le début de la soirée, il pouvait entrevoir une porte de sortie à sa situation, et bien entendu c’était à ce moment que son cerveau décidait de le lâcher. S’il ne pouvait aller nul part ce soir, l’idée d’un lendemain lui paraissait de plus en plus probable. Et c’était partiellement grâce à ce môme.

« Julian. » répondit Pedro, simplement.

Il était hors de question de donner à ces gens ne serait-ce qu’une information plus que nécessaire sur son identité. Quand il sortirait de cet enfer, il avait l’intention que ce soit définitif. Grimaçant une nouvelle fois alors que Joshua s’appliquait à soigner un de ses hématomes, il décida de rouvrir la bouche, pour calmer une des nombreuses valves d’anxiété que cette soirée avait ouvert en lui.

« C’est quoi cet endroit ? »

Il lui paraissait impossible que ce soit aussi simple que ça. Il lui semblait qu’accepter l’évidence signifiait atterrir, ce qui signifiait prendre en pleine face les événements de la soirée et il ne s’en sentait pas capable. Il ne voulait pas savoir ce que signifiait le fait qu’il était plus à l’aise avec l’idée que tout ça soit un piège.
Et une seconde question, pour une seconde incompréhension, cette fois, jusqu’à cet instant, beaucoup moins consciente, adressée à quelqu’un d’autre :

« Pourquoi ? »

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MessageSujet: Re: Let the shadows fall behind you Let the shadows fall behind you EmptyMer 4 Sep - 0:13
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Son regard était impassible, fidèle à l’image qu’il avait toujours renvoyée. Les bras contre le buste, le visage vierge de toute expression pouvant trahir ses plus frêles pensées. Il fallait croire qu’il était né pour offrir au monde un équilibre, rappeler aux Hommes combien ils sont extravagants, aux Vampires combien ils peuvent être stupides. Il incline son regard et le sommeil ravage le peu de tenue qu’il possédait encore, il s’appuie complètement contre le mur et lutte un instant contre l’inconscience. Il ne pouvait se résigner à laisser le bambin discutailler avec toi sans avoir une oreille attentive pour toutes les inepties qu’il pourrait croire. Il ne pouvait pas baisser sa garde, pas maintenant, pas si près du but. Si Joshua avait gardé la foi en ce monde, en l’humanité, qu’il considérait comme un état d’esprit plus qu’une race, Erwan avait renoncé à tout concept abstrait sollicitant une émotion quelconque. Après tout, comment pouvait-on seulement rester croyant face à l’absurdité, à la cruauté qui si souvent distordent la vie ? Dieu, s’il existe, avait un sacré sens de l’humour ou était profondément belliqueux. Il faut croire qu’une réponse ou une autre à cette question n’apporterait aucune solution au problème véritable qui empoisonnait la vie de tout être osant prétendre frôler cette terre.

Joshua inclina son regard, son sourire en disait long sur les maigres pensées qui pouvaient le tourmenter. Il n’avait pas toujours été le gosse adroit et expérimenté qui te faisait face. Peut-être avait-il dû subir les mêmes atrocités que toi, peut-être qu’également, il avait eu du mal à s’acclimater à un environnement lui paraissant toujours aussi hostile, malgré l’affection particulière que les chasseurs développaient envers leurs « protégés ». Il s’agissait d’une véritable famille, une famille à laquelle il n’avait pas pu prétendre et qu’il acceptait avec la soif d’un nourrisson en quête d’un amour maternel qu’on lui refusait.

« - J’ai presque fini, Julian. » Nouveau sourire, il pince sa lèvre inférieure pour réprimer un rire. Il sentait le regard acéré du noiraud dans son dos, ses onyx lui faisaient froid dans le dos sans qu’il puisse réellement les contempler. Il y avait quelque chose d’énigmatique et d’incroyablement exaltant dans cette situation. Il se cambre légèrement et humidifie une dernière fois ton visage.

« - Tu aurais pu prendre un prénom à consonance espagnole, non ? » son murmure était à peine audible, il doutait même qu’il puisse t’atteindre. Erwan bougea d’un centimètre et le blondin tourna vivement la tête dans sa direction, Erwan venait de sombrer ce qui surprit le plus jeune. Il était rare que cet homme, si fort et si fier, finisse par laisser la fatigue prendre le dessus sur tout autre sentiment.

« - C’est juste une maison qu’ils prennent pour soigner les cas urgents lors de leurs opérations. Une planque provisoire en somme. »

Il hausse les épaules comme si ce quotidien avait toujours été le sien. Comme si le maigre petit bout d’homme qu’il était s’était déjà résigné au fléau que constituait chaque existence, chaque souffle expiré et inspiré. Il bande ton torse là où certaines côtes étaient probablement fêlées, pour éviter que tu ne fasses trop de gestes brusques, il se permit de te déplacer légèrement… tout en commentant ce qu’il faisait, histoire de ne pas t’effrayer et que tu comprennes pourquoi chaque geste était effectué. Comme le ferait une maman pour son gosse, comme le ferait une nourrice lorsqu’elle soigne un bambin… il le faisait avec un naturel déconcertant, ce qui contrastait avec l’atmosphère qui régnait dans la pièce et les quelques rires et tintements de verre que l’on pouvait entendre dans celle d’à côté.

Le regard céruléen du jeune homme te toisa de longues minutes, sa main en suspend avec la serviette humide. Il semblait chercher à comprendre ce que signifiait réellement ta question, ou peut-être qu’il ne voulait pas réellement en appréhender l’ampleur. Très lentement, un sourire juvénile égaya ses traits alors qu’il inclina son regard, sa tignasse suivant le mouvement de manière presque irréelle.

« - Pourquoi pas ? »

Il dépose la serviette sur ton front et se cambre légèrement.

« - Je vais t’aider à te déplacer jusqu’au lit de camp juste là… Tu pourras te reposer. »

Cette simple affirmation sembla faire déclic chez le noiraud qui sortit de sa torpeur comme s’il ne s’était jamais assoupi. Ses onyx scintillent légèrement dans la pénombre alors qu’il se rapproche de ton corps déjà couvert et à l’abri de tout regard inquisiteur. Même si Erwan se doutait de ta nature potentiellement non-humaine… il ne jouerait pas dans l’éthique. Il t’avait sorti d’un guêpier et estimait qu’il ne pouvait être à la fois le héros et le bourreau, même si l’attribut n’était que trop fastueux pour de tels gestes.

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MessageSujet: Re: Let the shadows fall behind you Let the shadows fall behind you EmptyLun 30 Sep - 7:16





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Aussi stéréotypé que cela puisse paraitre, il avait l’impression de nager dans du coton. Mais mal. Toujours à deux doigts de s’étouffer avec et chaque contact, s’ils ne le faisaient plus tressaillir, le faisait s’écraser contre la berge avant de repartir doucement, ondoyant, en étoile de mer sur le lac.
Et c’était calme, c’était rhythmique, c’était dégueulasse, c’était vivre et pour le moment, c’était déjà bien assez. Il était un putain de poète quand il était aux portes de la mort, c’était intéressant à savoir.

« - J’ai presque fini, Julian. »

Berge. « C’est qui Julian ? » lui effleura l’esprit juste assez pour y imprimer une trace. Le gamin souriait. Ah merde. Oui. En effet. C’était lui Julian. Qu’importait. Le gamin souriait. Et puis il marmonnait. Il marmonnait quoi ? Hein ? Prénom… Il était fatigué. Mais il était hors de question qu’il perdre conscience avant… Avant que quoi au juste ? Il lui apparu alors qu’il n’était pas bien possible que de s’endormir (présentement, terriblement nécessaire) sans techniquement perdre conscience et qu’il allait, de fait, pas tarder à bien se trouver dans la merde s’il voulait attendre d’être en sécurité pour pioncer. Bon. De toute façon, au risque d’être redondant : il avait pas mal déjà atterrit au fond du gouffre là. Il voyait pas bien ce qu’il pouvait lui arriver de pire. Même l’idée de se faire possiblement torturer par ces gens lui paraissait à présent plus comme un inconvénient qu’autre chose. C’était peut-être l’anémie qui parlait aussi.
En tout cas, étrangement et pas pour la première fois de la soirée, le rappel soudain de son incapacité et plus particulièrement de la sévérité de sa déchéance, vinrent lui mettre un coup de pied au cul dont l’adrénaline redémarra brusquement ses fonctions cérébrales. Et, serrant la mâchoire, contractant ses muscles engourdis, il s’appliqua à réveiller son corps. Une. Fois. De. Plus. C’était douloureux. Putain. Merde. Il voulait crever. En fait non. Mais si. Mais non. Fatigué, sale, blessé et comme à bien d’autre moments de sa vie, incapable de voir plus loin que l’instant présent, il lui apparu plus utile alors de languir l’idée de ce qu’il avait été plutôt que de se satisfaire ou même de constater  à quel point il était remarquable qu’à un tel niveau de détresse physique et morale, il tienne toujours à peu près bon. Et cette colère, le poussa à froncer les sourcils et à se concentrer sur ce que le gosse venait de marmonner. Goûter à des capacités surhumaines avaient tendance à foutre en l’air les limites d’un homme. Un « homme ». Même le descriptif lui irritait la peau. C’était sale et ça lui donnait envie de se nettoyer au lance-flammes. Mais après tout oui. C’était de l’ordre du fait : techniquement, c’était ce qu’il était redevenu. Et s’il n’avait plus d’ouïe surdéveloppée, il était hors de question qu’il en ait une moins bonne que la moyenne. Oui parfaitement c’était comme ça que fonctionnait la biologie.
Reprenons-donc.  

« - Tu aurais pu prendre un prénom à consonance espagnole, non ? » marmonna Joshua.

Et ce fut loin de ce que Pedro réussit à recomposer. Plutôt quelque chose comme : ???? pren ??? prénom ???? (là, il rebrancha son cerveau)consonance espagnole, non ? Il plissa les yeux pour tenter d’encourager son cerveau à en faire une phrase.
Hein ? Il parce que soupirer lui paraissait trop douloureux. Est-ce qu’on en était vraiment là ? C’était quoi ce gosse.

« Se pronuncia Julián. » siffla t-il avec le ton faible et pourtant un peu trop hargneux pour son propre bien qui commençait à le caractériser, avant d’hausser un sourcil.

Il avait réussi à retenir le « Abruti » qui le brûlait les lèvres au dernier moment. Un flash de génie qui lui avait rappelé que le gamin savait qu'il était un homiféré et que bon. La survie. Oui. Mais l'espagnol aussi. Déjà parce qu’il était assez imbu de lui-même pour être persuadé que Joshua ne comprendrait pas sa phrase, aussi parce que c’était quoi comme genre de commentaire au juste et enfin, parce que… Parce que quoi au juste ? Parce qu’il l’emmerdait profondément. Qu’il avait besoin de son aide et que ça l’insupportait, qu’il se dégoutait et que ça le dégoutait et qu’ils étaient tous degueulasse. Voilà. Il voulait dormir. Et pas là. Il voulait dormir dans sa chambre. Il voulait dormir dans sa chambre avec son lit, dans ses draps. Il se mordit la langue alors. Par choix. Parce qu’il faisait un caprice et parce qu’alors que Joshua s’activait, babillait au dessus de lui, il venait de lui apparaitre à quel point les dernières années de sa vie n’avait appartenu qu’à Elizabeth. Que même dans ce qu’il avait cru être ses derniers instants, c’était à elle qu’il avait pensé. Que c’était elle qui lui avait acheter son lit. Qu’il la détestait. Qu’il l’aimait et qu’il n’y avait rien de juste. Qu’il ne voulait pas mourir. Qu’il n’avait jamais voulu mourir. Qu’il avait peur de mourir.

Il sentit les doigts du garçon tenter de desserrer sa prise sur la table, qu’il avait attraper sans même y penser. Il sentit le sol mou sous ses pas et les vagues le propulser en avant. Il se sentit atterrir et la luminosité changer. Un lit de camp. La nuit qui se refermait finalement sur sa vision et Joshua qui s’éloignait. Il voulait dormir. Mais non. Enfonçant son ongle dans la paume de sa main, il tenta d’examiner les alentours depuis sa position allongée et planquée. Ce qui pouvait paraitre fortement inutile. Ce qui était vrai. Mais il ne se sentait pas du tout en sécurité et il aurait fait n’importe quoi pour étouffer ne serait-ce qu’un iota de l’anxiété qui lui crispait le coeur. Et son corps qui était mou. Et il était faible. Dormir.
Oh tiens le chasseur.
Pedro ferma les yeux un instant pour calmer le pseudo sursaut qu’il avait sentit grandir en lui, parce qu’il était fatigué. Et c’était tellement difficile de les rouvrir.

«  Me tue pas maintenant. S’il-te-plait. » marmonna t-il d’une voix déjà bien trop endormie à son goût. Une expiration qui venait remplacer un rire grinçant. « J- »

Nop. Ok. 1. 2. 3. 

« J’aimerais dormir. »

Prononcé dans un souffle cette fois-ci. C’était pas une plainte. C’était pas une requête. Il n’était pas tombé si bas. Il était tombé si bas. Il n’y avait même plus de douleur.
Juste.
Dormir.

Dormir.
Et puis le lendemain qui l'attendait. Inimaginable. Il était dans une telle merde. L'aube pourtant. Et les rayons du soleil qui traverseraient les volets, venant maltraiter ses paupières. Ça lui prendrait un instant. Sûrement que sa réaction instinctive serait une sorte de grognement, une espèce de tentative de se protéger de la lumière du jour. Ça lui prendrait un instant. Et puis. Tout n'était qu'angoisse et l'avenir était pavé du sang qu'il n'avait pas encore versé, ça n'avait aucun sens, aucun moyen de se lever sans souffrir le martyr, aucun moyen d'être vulnérable sans mourir. Mais une chose de sûre : un lendemain. Pedro. Le lever du soleil. Des larmes qui perlaient au coin des yeux.

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MessageSujet: Re: Let the shadows fall behind you Let the shadows fall behind you EmptyMer 23 Oct - 3:00
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Il est des nuits où le doute s’installe, où l’angoisse vous tord. Des nuits insalubres, à l’ombre des jours moroses, toujours au bord de l’abîme en quête d’une perdition libératrice. S’il devait conter toutes les nuits où il avait ressenti l’étrange sensation d’avoir oublié un pan de ses habitudes… peut-être découvrirait-il qu’il ne ressentait plus rien depuis quelques années. Il avait oublié ce qu’était l’anxiété, la bile et le froid. Il avait oublié combien il était difficile de dormir avec la peur au ventre, la rage au cœur. Il admire avec une certaine pitié qu’il ne se résolvait pas à t’accorder, la ténacité avec laquelle tu luttais contre le sommeil. Il ne trouva pas nécessaire de répondre à ta supplique, cela ne ferait qu’amplifier l’amertume et le sentiment presque âcre qui naissait au creux de ta gorge. C’était ça alors ? Le dégoût, la frustration et l’indignation ? Il fixe un coin de la pièce et s’y rapproche lentement, il sort son flingue, et par sécurité le décharge. Même si ce dernier était constamment attaché à lui. Il s’installe sur un siège et te fixe un moment, se laissant le droit de somnoler avant de sombrer à son tour. La journée avait été rude, la vie était constellée de journées éreintantes, une journée sous le sceau du plus terrible instinct que le monde ait connu : la survie.

[…]

Le lendemain matin, le noiraud avait disparu de la pièce et tous s’affairaient dans l’autre salle. On pouvait entendre quelques bribes de conversations, quelques rires épuisés qui s’autorisaient une risette pour amoindrir les pertes et la souffrance qui en découlait. C’est Joshua, la tignasse blonde qui pénétra à nouveau dans la pièce. Il était consciencieux dans son travail et bien qu’il puisse comprendre ta méfiance et ait pu déceler une quelconque hostilité de ta part, il n’allait pas cesser ses activités pour flatter ton ego.

« - Tu vas probablement sentir le contre-coup aujourd’hui. Je t’apporte de quoi te requinquer. »

Il se rapproche alors du lit de camp, bien trop présomptueux, sans réellement faire attention. Tu aurais pu probablement lui sauter à la gorge et arracher le joli visage juvénile qu’il arborait. Même si les chasseurs d’à côté se seraient sans doute précipités dans la pièce pour intervenir. Il dépose l’assiette non loin et lève légèrement la couverture pour s’assurer de l’état de tes plaies. Aucune infection à déclarer, il soupira de soulagement.

« - C’est pas un repas de luxe, mais c’est bourré de vitamine, et tu en auras besoin si tu veux vite pouvoir remarcher et vivre normalement. »

Il tiqua au « normalement ». Un homiféré pouvait-il seulement se résoudre à vivre normalement ou se sentait-il éternellement différent ? Pestiféré et exilé de deux mondes auquel il n’appartenait plus ? Il prit la cruche et remplit un verre d’eau tout en déposant deux cachets blancs.

« - C’est pour la douleur. »

La porte s’ouvrit sur ces dernières paroles et Erwan vous dévisagea. Il se rapprocha et ouvrit les rideaux sans plus de cérémonie.

« - Debout. Te laisser crever c’est pas dans mes projets. »

Joshua gonfla les joues et se redressa, indigné et probablement sur le point de reprocher au porteur des onyx son comportement plus que désinvolte et presque inhumain. Mais son ainé avorta toute contestation, tranchant d’une voix brute.

« - Que tu sois ou non d’accord avec mes méthodes, c’est comme ça. Sors. »

Joshua écarquilla les yeux, surpris de voir avec quel ton le brun venait de le foutre à la porte. Erwan avait toujours été indifférent, toujours très… austère. Mais son autorité, bien qu’avérée n’avait jamais été plus soulignée que lorsqu’il donnait des ordres bruts. Il s’exécuta donc sans broncher, te lançant un dernier regard.


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