« Ce qu'à autrui tu auras fait sois certain qu'autrui te le fera. »

Les vitrines commençaient pour la plupart à peine à mettre en place leurs articles d'Halloween que d'autres s’affairaient dors et déjà aux décorations des fêtes de fins d'années. Pitoyable. pensas-tu en t'arrêtant quelques instants devant un la vitrine d'un commerçant, peuplée de cerfs et de fausse neige, ainsi que d'autres lutins et hiboux ridicules. Tout cela ne te parlait guère, simplement parce que, tu n'avais jamais célébré de telles fêtes, et encore moins aujourd'hui. Néanmoins, tu avais pris la décision de te rendre en ville, chose que tu ne faisais qu'en de très rares occasions, afin de faire quelques emplettes. De plus, le soleil avait décidé de ne pas se montrer, alors c'était une aubaine, pour toi. Tu n'étais donc parée aujourd'hui que d'une paire de lunettes de soleil, un châle et de fins gants. Ta tenue n'était pas des plus discrètes, certes, mais pas des plus voyantes non plus ; il n'était pas rare de croiser des femmes habillées de la sorte dans les rues de la ville de Downside, et ce, nullement pour camoufler quelques différences physiques. Une légère brise hivernale faisait voleter ta jupe longue mauve, tandis que tu t'engouffrais dans l'une ou l'autre boutique de vêtements réputée. En tant que femme avant tout, tu appréciais toujours te pavaner entre les rayons de nouvelles collections ou encore de livres fraichement édités. Tu t'arrêtais dans un café, non loin du bureau de tabac de la ville, y prendre un cappuccino, que tu savourais tranquillement, assise à une table à l'intérieur, face à la vitrine de l'établissement. Bien sûr, tu n'avais nul besoin de nourriture "classique", mais il était agréable de se prendre au jeu, et ainsi simplement se laisser aller à des occupations banales et triviales. Des enfants, des hommes, des femmes, des vieillards, seuls ou accompagnés, la ville et son tumulte n'était pas ton domaine de prédilection, tu préférais de loin les ambiances feutrées et discrètes, mais tu t'amusais, peut-être, de voir déambuler ainsi tes potentiels futurs repas. La boisson lactée était délicieuse, et ta nature ne t'empêchait pas de t'en délecter, certes bien moins qu'une goutte de sang frais, mais tu y avais pris goût, au fur et à mesure des époques ; vivre dans cet ère signifiait s’accommoder à ses mœurs, et quoi de mieux donc que de s'offrir un instant de détente après une journée de travail harassante. Tu n'avais pas particulièrement fais d'achats pour l'instant, mais le seul paquet en ta possession venait d'une librairie toute proche. Tu te saisissais de son contenu, un livre d'art moderne, et te mettais à le feuilleter, presque "humainement". Tu aimais ton travail, malgré le fait qu'il s'agisse davantage d'une façade que d'un réel besoin d'emploi ; tu appréciais l'art, la beauté, et la culture par dessus tout. Ton appartement en était d'ailleurs l'illustration parfaite, les murs y étaient ornés de reproduction et de croquis en tous genres, et tes étagères regorgeaient d'encyclopédies. La littérature et les arts t'avaient depuis toujours bouleversé, et c'était bien là l'une des choses en ce monde qui ne t'avais jamais abandonné, cette fibre artistique. Tu feuilletais donc patiemment ton ouvrage nouvellement acquis, en vue, peut-être, de quelque chose de plus passionnant à venir dans la soirée qui suivrait.