Ft. @James Clayton

À quoi servirait de crier à tue-tête au sourd volontaire, combien son innocence bafouée, serait pousser sa faiblesse jusqu’à son apogée. Qu’importe ce que tu pouvais bien penser, ses mots ne pouvaient annihiler les doutes si ce n’est les semer, et il en retirait une certaine fierté. Même si dans l’ombre d’un sourire mutin, se dissimule bien souvent un terrible chagrin. Ses céruléennes contemplent les tiennes et il n’entame point son procès. Qu’importe le jugement qui sera prononcé, il avancera fier sur le chemin qui s’est tracé. Te faire croire à sa culpabilité et à sa vilénie était plus facile que d’écrire sa plaidoirie. Son sourire se profile, son regard s’illumine alors qu’un léger rire rocailleux lui lacère les cordes vocales.

« - De quel droit me demandes-tu des comptes tout en ayant déjà apposé ton jugement ? Cessons cette mascarade et contentons-nous d’avancer. Si la diplomatie sied à mon frère, je puis t’assurer qu’elle n’a jamais été ma plus grande amie. »

Il se tourne et s’avance alors, ses pas étaient précis… non ébranlés par les précédents événements et tes suspicions qu’il avait lui-même inspirées. Il était conscience que le blâme qu’on lui portait était volontaire, même si bien souvent son âme se perd dans des méandres de mélancolie et dans une colère sourde… à défaut de rendre muet ses plus profonds sentiments.

« - Dois-je te rappeler que tu me demandais d’épargner le bourreau de Hayley, il y a à peine quelques minutes ? »

Il arque un sourcil. Tu lui demandais de justifier ses élans de mansuétude, pourquoi il avait aussi gracieusement offert une porte de sortie à une femme qu’il avait brisée et qu’il avait tout autant appréciée. Une femme qui avait suscité en lui un intérêt malsain, une légèrement appréhension et avait fini par réveiller sa part de noirceur. S’ils avouaient porter ses démons, il ne parlait que trop peu des moments où ils prenaient le dessus sur lui.

« - Alors je te retourne la question, pourquoi rester neutre dans un combat qui oppose deux de tes amies ? Ne pas prendre parti, c’est choisir la lâcheté et vouer sa loyauté au plus fort. Je ne trouve pas cela très sain, mais je suppose que tu pourras laver tes péchés au sein de l’église du coin. »

Il ignorait consciemment le reste de la conversation. Toute tirade qui touchait à une corde qu’il préférait laisser tendue. Ses pas le mènent donc vers la forêt qu’il traverse avec lenteur. Son regard s’attarde sur les quelques arbres marqués discrètement par un sort que seules quelques personnes puissent voir. Il passe sa main sur l’écorce et ferme les yeux quelques instants. S’il avait su que la vieille femme qui l’avait surpris avec Hayley il y a quelques temps, finiraient par lui rendre service… peut-être aurait-il crier à l’infamie et à la calomnie. Il ne pouvait imaginer qu’une sorcière de pure souche puisse aussi aisément prêter main forte à un vampire de la pire espèce.

Quelques secondes après il inspire profondément et un air de flûte brise le silence. Il tourne lentement son regard vers le tien.

« - Typique d’un conte pour enfant, j’espère que tu n’as pas de réserve quant à la légende du joueur de flûte d’Hamelin. Quoi que tu n’as plus rien d’un enfant, tu n’as donc rien à craindre. »

Et son éternel sourire sarcastique refait surface alors qu’il traverse les branchages avec une certaine aisance. Plus il avançait, plus le chemin devenait ardu et encombré, jusqu’à ce qu’il finisse par arriver devant une petite chaumière. Une vielle femme attendait sur le seuil ; sa bouche presque édentée découvrait un sourire morbide, son regard bien que froid semblait offrir une chaleur insoupçonnée… elle était un paradoxe sur patte et c’est probablement ce qui avait attiré l’intérêt de l’hybride la première fois qu’elle l’avait rencontré.

When the party's over